
Ce qui s’est produit dimanche soir dans le centre commercial de Su-Ngai Kolok, province de Narathiwat, dépasse largement le cadre d’un simple braquage. Sept hommes lourdement armés, vêtus de noir, cagoulés et casqués, ont mené une opération d’une précision quasi militaire contre une bijouterie, mobilisant depuis les forces de sécurité dans une traque d’envergure.
L’attaque, minutieusement préparée, a commencé par le vol de deux pick-up auprès de villageois. Ces véhicules ont servi à transporter les assaillants jusqu’au centre commercial, puis à fuir après le vol. Pour ralentir les forces de l’ordre, les malfaiteurs ont semé des herses sur leur itinéraire et placé une bonbonne de gaz sur la route, une tactique digne d’un commando.
À l’intérieur du centre, les images de vidéosurveillance montrent une prise de contrôle rapide : quatre employés et agents de sécurité sont neutralisés à l’entrée, tandis que d’autres membres du groupe s’adressent calmement aux clients, leur demandant de rester silencieux pour éviter tout danger. En quelques minutes, les vitrines de la bijouterie sont brisées, les étagères vidées, et les hommes disparaissent dans les véhicules en attente.
Un officier de l’armée, présent sur place par hasard, a tenté d’intervenir. Il a été blessé par balle. Depuis, l’ISOC (Commandement des opérations de sécurité intérieure) a déployé troupes et policiers pour retrouver les auteurs, dans une région marquée par des années d’insurrection.
Ce mode opératoire rappelle plusieurs attaques passées, souvent attribuées à des groupes armés indépendantistes, actifs dans le sud du pays. En 2019, un vol de 85 millions de bahts à Songkhla impliquait des insurgés. En 2011, un braquage à Su-Ngai Kolok avait fait trois morts, avec des armes volées à l’armée. D’autres attaques similaires ont visé des bijouteries ou des transports de fonds, toujours avec une organisation paramilitaire.
Maj-Gen Winthai Suvaree n’a pas confirmé de lien direct avec l’insurrection, mais la répétition de ces opérations, leur sophistication et leur violence soulèvent des questions. Ce n’est plus du banditisme : c’est une guerre de l’ombre, menée à coups de kalachnikovs et de pick-up volés, au cœur des zones civiles.



