à Kuala Lumpur, jeudi
Alors que les tensions frontalières entre la Thaïlande et le Cambodge ont ravivé les inquiétudes régionales, les autorités thaïlandaises affichent un optimisme prudent. Le Premier ministre par intérim, Phumtham Wechayachai, a salué les avancées des négociations bilatérales entamées en Malaisie, dès le début de la semaine, dans le cadre du Comité général frontalier (GBC).
Ce 7 août, les ministres de la Défense des deux pays se réunissent à Kuala Lumpur pour tenter de finaliser un accord de cessez-le-feu.
Le ministre thaïlandais de la Défense par intérim, le général Natthaphon Narkphanit, arrivé tôt dans la matinée de ce jeudi, a été accueilli par les autorités malaisiennes avant de rencontrer le Premier ministre Anwar Ibrahim.
L’ordre du jour de cette session spéciale inclut la sécurité des populations, le respect du droit international et la défense des intérêts nationaux. La Thaïlande a soumis huit conditions, dont l’interdiction de tout renfort militaire dans les zones contestées et la création d’un groupe de travail bilatéral. Un communiqué conjoint est attendu, avec l’espoir d’une désescalade durable si Phnom Penh coopère.
Le Cambodge entame cette réunion en position de grande vulnérabilité, affaibli par des revers militaires, la perte des temples disputés, des bombardements ayant touché des civils thaïlandais, et une stratégie médiatique largement inefficace. Il est probable que Phnom Penh ressorte frustré de ces négociations, alimentant un ressentiment populaire durable envers son puissant voisin thaïlandais.
Sur le terrain, les tensions restent vives. La présence de corps non récupérés de soldats cambodgiens le long de la frontière suscite malaise et indignation.
Selon le Dr Tossanai Pipatchotitham, expert en médecine légale, ces cadavres ne présentent aucun risque épidémique ni pollution environnementale. Le principal problème reste l’odeur, due à la décomposition naturelle. Le gaz H₂S, responsable de cette nuisance, n’est dangereux qu’en espace clos. Les autorités thaïlandaises, faute de juridiction, ne peuvent intervenir.
La presse thaïlandaise s’empare de l’affaire pour dénoncer le manque de respect des autorités cambodgiennes envers leurs « morts pour la patrie », tandis que les médias cambodgiens gardent le silence.
Des influenceurs cambodgiens dénoncent une couverture médiatique mondiale jugée biaisée en faveur de la Thaïlande. Mais selon les analystes, le vrai problème réside dans l’absence de presse libre au Cambodge, devenu un « vide informationnel ». Avec la fermeture des médias indépendants, le pays n’a plus les canaux nécessaires pour contrer les récits dominants.
Les informations accessibles au Cambodge se limitent au discours officiel, fondé sur la propagande et des contenus souvent mensongers. Cette approche discrédite les médias nationaux aux yeux des observateurs étrangers. Dans ce conflit narratif, seule l’existence d’une presse indépendante permettrait de restaurer la crédibilité du royaume.
Cette crise diplomatique rejaillit sur les 33e SEA Games, que la Thaïlande accueillera en décembre. Pour des raisons de sécurité, les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été déplacées au stade Rajamangala.
Le ministre thaïlandais du Tourisme et des Sports a même proposé d’exclure la délégation cambodgienne, une demande rejetée par le Conseil des Jeux. Phnom Penh maintient sa participation, affirmant que le sport doit rester apolitique. Le nombre d’athlètes cambodgiens reste incertain, oscillant entre 57 et 1 515 selon les sources.
