Le Pheu Thai est prêt à former une coalition alternative excluant le Parti Move Forward (MFP) et il fera appel à des partis du gouvernement sortant si le chef du MFP, Pita Limjaroenrat, ne parvient pas à obtenir suffisamment de soutien pour devenir Premier ministre au parlement mercredi, selon des sources Pheu Thai.
Les sources ont déclaré que M. Pita, l’unique candidat du MFP au poste de Premier ministre, fait face à de nombreux obstacles et qu’il perdra le deuxième tour de scrutin aujourd’hui si tant est qu’il puisse se présenter.
Si Pita perd, le vote du Premier ministre devra être reporté et le Pheu Thai aura la possibilité de désigner son propre candidat, ont indiqué les sources, ajoutant que Srettha Thavisin devrait obtenir le feu vert.
Les sources ont poursuivi en disant qu’il y a peu de chances que PT forme un nouveau gouvernement de coalition avec le MFP parce que la plupart des sénateurs ont clairement indiqué qu’ils ne soutiendraient pas une coalition dont un parti souhaite modifier l’article 112 ou loi de la lèse-majesté.
Pour surmonter cet obstacle, le Pheu Thai prendra l’initiative de former le nouveau gouvernement et d’exclure le MFP tout en essayant de faire entrer certains partis du gouvernement sortant dans la coalition, tels que Bhumjaithai et Chartthaipattana, avec un nombre combiné de 260 – 300 députés environ.
« Cette composition est la plus susceptible de se produire, et elle doit être arrangée [avec les partis mentionnés ci-dessus] et approuvée par les sénateurs avant le prochain tour de scrutin [si M. Pita échoue dans sa candidature aujourd’hui] », ont déclaré les sources.
« C’est un problème majeur. Le Pheu Thai devra peut-être subir des critiques, mais nous espérons que les gens comprendront la situation », ont-ils ajouté. Un euphémisme pour dire que les électeurs progressistes du Pheu Thai (ce n’est pas la totalité) vont se sentir trahis par un parti qui va s’acoquiner avec des partis qui ont soutenu les putschsites, Prawit et Prayut, voire avec Prawit directement.
Paetongtarn Shinawatra, l’une des trois candidats Premier ministre du Pheu Thai, a déclaré mardi que le parti nommerait M. Srettha au poste de Premier ministre si la session parlementaire conjointe rejetait la nomination de M. Pita mercredi.
« Le parti Pheu Thai nommera M. Srettha Thavisin. C’est clair », a déclaré Mme Paetongtarn, la fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Thaksin devrait rentrer en Thaïlande rapidement après des années d’exil, malgré le spectre d’une action en justice. On ne sait pas si son retour fait partie d’une négociation avec le régime : « vous laissez tomber Pita et Taksin peut revenir dans de bonnes conditions ».
Un voyage de l’ancien chef de l’armée, le général Apirat Kongsompong, très proche du palais, et du chef des forces de défense, le général Chalermpol Srisawat, sur une île malaisienne du 5 au 7 mai fait beaucoup jaser. Ils auraient pu y rencontrer Thaksin mais ils affirment que ce déplacement n’a rien à voir avec la politique nationale.
Les huit alliés potentiels de la coalition ont décidé lundi de renommer M. Pita mercredi, sans enthousiasme.
Mme Paetongtarn a déclaré qu’elle soutenait M. Srettha en raison de sa connaissance des affaires et de l’économie. M. Srettha est l’ancien patron de l’entreprise du secteur immobilier Sansiri Plc.
Elle ajoute : « L’accent est mis sur ce que nous pouvons faire pour développer la nation et renforcer la confiance des investisseurs internationaux. »
Des journalistes l’ont interrogée sur la promesse d’un sénateur de soutenir le Pheu Thai s’il excluait le MFP de sa coalition. Mme Paetongtarn a déclaré que les huit parties discuteraient de la question. « S’il vous plaît, laissez les dirigeants du parti avoir leurs discussions. La question est très sensible », a-t-elle déclaré.
Répondant aux questions des journalistes, Mme Paetongtarn a déclaré qu’elle n’avait pas pensé au fait d’avoir un portefeuille ministériel dans le nouveau gouvernement.
Elle a dit plus tard que son père avait décidé de reporter son retour jusqu’à ce que la situation politique se stabilise et que le vote pour sélectionner le 30e Premier ministre du pays soit terminé. Thaksin a déclaré plus tôt qu’il souhaitait revenir avant son anniversaire le 26 juillet.
De son côté, Pita Limjaroenrat dit qu’il est prêt à ralentir le rythme de l’ambitieux programme de réforme du parti Move Forward s’il forme un gouvernement, mais qu’il ne renonce pas à son projet d’amender la loi de lèse-majesté.
A ce stade tout est ouvert. Le Bangkok Post s’est amusé à faire les prédictions suivantes qui correspondent à avec celles de tout un chacun
5 %, la coalition prévue arrive au pouvoir et Pita est premier ministre
20 %, la coalition prévue et correspondant au vœu des électeurs arrive au pouvoir et Thavisin est premier ministre.
40 %, Thavisin est premier ministre mais la coalition n’inclut plus Move Forward. En revanche, elle récupère Bumjaithai et les démocrates, c’est la politique à l’ancienne.
30 %, une coalition élargie sans Move Forward mais avec le PPRP du putschiste Prawit. Thavisin ou Prawit premier ministre. Trahison claire des électeurs par Pheu Thai qui avait promis de ne pas s’allier aux putschistes qui ont éjecté la sœur de Thaksin en 2014.
5 %, gouvernement minoritaire pro-armée sans Pheu Thai, sans Move Forward. Le premier ministre peut être Prawit ou Anutin et cette coalition devra « acheter » des députés des partis qui ont gagné les élections. Degré zéro de la politique.
Pour mémoire, Move Forward a gagné les élections.
