
Photo prise ces derniers jours dans un champ de canne à sucre.
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a déclaré qu’elle ne pouvait pas faire disparaître la pollution atmosphérique à Bangkok d’un simple claquement de doigts, mais elle est pleinement consciente du problème depuis son premier jour de mandat. Elle a demandé à tous les ministères concernés de travailler plus dur pour le résoudre.
« Personne n’aime la poussière », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle était très consciente du problème parce que ses propres enfants ne peuvent pas jouer à l’extérieur ou aller à l’école. Elle a cependant insisté sur le fait que la pollution à Bangkok cette année est moins grave qu’elle ne l’était l’an dernier.
Bangkok n’est pas la seule province concernée. Une grande partie de la Thaïlande se retrouve sous un nuage dangereux pour la santé. Cependant, Chiang Mai, d’habitude, le foyer de la pollution, reste à l’abri, à ce jour. Les provinces plus polluées que Bangkok sont, dimanche matin, Nakhon Pathom, Korat, Rayong et Phetchabun, avec des taux de PM2.5 supérieurs à 70 mg (maximum en France 25 et en Thailande 37).
Les autorités semblent particulièrement douées pour établir des listes de mesures et de conseils. Les voici.
En plus d’offrir des bus et des métros gratuits pendant une semaine, le ministère des Transports met en œuvre des mesures à court, moyen et long terme pour lutter contre la pollution de l’air, notamment :
- – À court terme, chasse aux moteurs polluants, amélioration de la qualité du carburant et lutte contre les embouteillages. Mais très peu de véhicules sont contrôlés et les embouteillages persistaient.
Le plan à moyen terme comprend cinq mesures clés :
- – Promouvoir les transports publics, notamment en accélérant la construction de trains électriques, en créant un système de billetterie commun et en augmentant les installations de stationnement relais.
- – Passer à des moteurs à énergie propre, notamment concernant les bus publics GNV-EV, les taxis et les tuk-tuks électriques. On ne sait pas s’il s’agit de réels projets ou de simples vœux pieux.
- – Sensibiliser sur les péages pour entrer en centre-ville et les taxes sur la pollution. Baisse des taxes sur les véhicules électriques (VE).
- – Limiter l’usage des voitures vétustes en les surtaxant. Pas d’interdiction en vue.
- – Inciter à utiliser les métros MRT/BTS, en proposant des abonnements mensuels abordables.
- – Installer des bornes de recharge pour véhicules électriques dans les agences gouvernementales.
Le plan à long terme se concentre sur quatre domaines :
- – Mise en place des taxes mentionnées plus haut.
- – Interdire les gros camions en transformant le port de Bangkok avec ses camions et ses conteneurs en un port touristique de passagers, avec le développement d’une « ville portuaire ».
- – Restreindre les moteurs diesel en interdisant leur utilisation à Bangkok.
- – Transition de tous les bus publics vers des véhicules électriques.
Le chef de la police nationale, le général Kitrat Phanphet, s’est engagé samedi à appliquer des sanctions strictes et sans exception, pour les délits provoquant une augmentation des niveaux de pollution aux PM2,5 dans toute la Thaïlande :
- – Pots d’échappement : les automobilistes utilisant des véhicules émettant de la fumée noire doivent être condamnés à une amende et les véhicules doivent être immobilisés.
- – Sites de construction et usines : les propriétaires d’usines doivent strictement respecter les lois régissant les émissions. Les chantiers doivent également utiliser des mesures appropriées pour contrôler la poussière qu’ils génèrent.
- – Brûlages extérieurs et incendies de forêt : La police augmentera ses patrouilles et se coordonnera avec les autorités locales et les bénévoles pour la prévention des incendies de forêt.
Kitrat a également exhorté les citoyens à rester vigilant et à informer la police via la hotline 1599 en cas de délit contribuant aux problèmes de PM2,5.
Les citoyens doivent suivre ces conseils :
- Profitez des transports en commun gratuits à Bangkok cette semaine.
- Limitez l’utilisation de la voiture. Assurez-vous que le moteur de votre véhicule est bien entretenu.
- Adoptez le travail à distance.
- Arrêtez de brûler des feuilles ou des déchets.
- Plantez des arbres ou des plantes chez vous ou dans votre communauté.
- À l’approche du Nouvel An chinois, évitez les feux d’artifice et feux de faux billets.
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Vingt chantiers de construction à Lat Krabang ont été fermés et d’autres sites sont en cours d’inspection, a déclaré le vice-ministre de l’Intérieur, Theerarat Samrejvanich. Il rappelle les mesures obligatoires dans les chantiers : le lavage obligatoire des roues des camions et l’installation de bâches afin de réduire la poussière. Les entreprises de combustion de charbon de bois sont aussi dans le collimateur.
Kanoknuch Klinsung, conseillère municipale du district de Don Mueang, a exhorté le gouvernement à faire respecter les réglementations concernant les bus de la Bangkok Mass Transit Authority qui dégagent trop de fumée. Sinon, les prises de parole du gouvernement n’ont aucune valeur. Elle a également suggéré aux restaurants de grillades en plein air d’utiliser des grils à réduction de fumée ou électriques pendant les périodes de forte poussière.
Viput Srivaurai, conseiller du district de Bang Rak, a proposé d’utiliser les budgets restants (environ 1 à 2 millions de bahts par district) pour acheter des purificateurs d’air pour les écoles de Bangkok.
Le gouverneur de Phetchabun, Sarayu Meethongkham, a ouvert une enquête et poursuivi un agriculteur qui a mis le feu à 15 rai de champ de canne à sucre dans la nuit du 24 janvier, malgré l’interdiction. Cette décision intervient après que le ministre de l’Intérieur, Anutin Charnvirakul, a menacé de muter dans un placard tout gouverneur incapable d’arrêter les incendies.
La presse en thaï regorge d’exemples de paysans qui brûlent leurs champs dans les provinces entourant Bangkok sans la moindre vergogne. À ce stade, aucun d’entre eux n’a vraiment été inquiété.