
Le baht thaïlandais a récemment connu une appréciation importante et rapide. Selon le gouverneur de la Banque de Thaïlande (BOT), Sethaput Suthiwartnarueput, qui s’est exprimé lors d’un séminaire Thailand Focus 2024, les principaux facteurs à l’origine de ce mouvement sont l’affaiblissement du dollar américain et la hausse des prix de l’or. La banque centrale surveille constamment la situation.
Sethaput a également noté que malgré les gains récents du baht, sa valeur reste relativement stable par rapport au début de l’année et s’aligne sur les devises des pays voisins comme la Malaisie et l’Indonésie.
L’appréciation rapide du baht peut être largement attribuée aux signaux de la Réserve fédérale américaine concernant une éventuelle baisse des taux d’intérêt, ainsi qu’à l’impact de la hausse des prix de l’or. Le baht s’échangeait à 34,05 bahts par dollar mercredi, contre 34,41 bahts au début de l’année.
Sethaput a noté que l’économie thaïlandaise devrait poursuivre sa reprise au second semestre, la Banque de Thaïlande prévoyant une croissance du PIB de 2,6 % pour 2024, soit deux fois moins que les pays comparables voisins.
Sethaput a souligné que la politique monétaire de la banque centrale est tournée vers l’avenir et se concentre sur trois domaines clés :
- 1- Croissance économique : elle devrait atteindre 2,6 % cette année et 3 % l’année prochaine, ce qui correspond au potentiel à long terme de la Thaïlande, qui est d’environ 3 %. La croissance ne dépassera jamais ces chiffres (et donc ne rattrapera jamais les pays voisins comparables) en raison 1- de sa démographie et la diminution de la population générale et donc celle en âge de travailler, et 2- l’impossibilité d’augmenter la productivité liée à l’absence d’éducation et de formation professionnelle correctes qui empêchent l’utilisation de nouvelles technologies.
- 2- Stabilité financière : la dette des ménages représente 90 % du PIB et la Banque s’est fixé pour objectif de la ramener à 80 % à l’issue d’un processus long et difficile.
- 3- Contrôle de l’inflation qui s’est établie à 0,8 % en juillet, en dessous de la cible de 1 à 3 %. Malgré la faible inflation, il n’y a pas de déflation et les dépenses de consommation restent stables tout comme les prix des loyers ce qui contribue à contenir l’inflation.
La reprise économique en Thaïlande est inégale : le tourisme rebondit fortement, mais l’industrie manufacturière et les revenus des ménages sont à la traîne. La population ne ressent peut-être pas encore les effets de la reprise. La banque centrale s’attend également à une augmentation modérée des prêts non performants.
Le gouverneur a souligné que la politique monétaire implique de multiples outils, les taux d’intérêt n’étant qu’un aspect parmi d’autres. La banque se concentre sur l’atténuation des risques dans un environnement mondial imprévisible et sur la promotion de prêts responsables pour soutenir la restructuration de la dette, a-t-il ajouté.
Par ailleurs et d’une manière informelle, le gouverneur n’a pas exclu la baisse des taux que réclamait le premier Srettha Thavisin et dont pourrait bénéficier sa successeur Paetongtarn Shinawatra, surtout si le projet de manne est réservé aux 15 millions de nécessiteux et non à 50 millions de Thaïlandais.