La police royale thaïlandaise (RTP) ne manque jamais de susciter la controverse et l’ironie chez les citoyens. Le dernier scandale concerne l’ascension rapide d’une ancienne candidate à un concours de beauté, qui est passée de caporal à capitaine de police en moins de deux ans.
Son cas qui n’est pas isolé soulève des questions sur la politique d’admission à un cours de 17 semaines destiné à former des civils choisis pour devenir officiers supérieurs, donc en 4 mois.
Le cours a été créé il y a près de dix ans pour que la RTP recrute davantage de spécialistes, tels que du personnel médical, des comptables ou des experts en informatique. Les civils doivent être qualifiés et réussir un examen avant de suivre le cours. De plus un quota est réservé pour les enfants de policiers décédés en service et les athlètes de haut niveau.
Mais en réalité la formation permet aux enfants de familles riches d’obtenir un grade très élevé dans la police.
Le lanceur d’alerte Chuvit Kamolvisit a publié lundi des images d’une policière devant sa Lamborghini. Un clip viral montre cette même policière faisant la fête, jetant beaucoup de billets de banque sur une piste de danse dans un pub chic de Sukhumvit.
Plus grave, il est de notoriété publique que certaines des personnes admises au cours et qui sont maintenant des policiers ont des liens avec les mafias du jeu ou le blanchiment d’argent. En fait, c’est pour cela que ces gens suivent le cours. Avec un grade d’officier supérieur et même si dans la réalité ils ne travaillent jamais, ils bénéficient d’avantages et d’une certaine impunité, espèrent-ils.
Cela soulève la question suivante : est-ce que la RTP vérifie les antécédents ? Hier, le Pol Maj Gen Yingyos Thepjamnong, porte-parole des forces de police, a admis que le processus d’admission présentait des failles.
« Ce cours de formation n’est pas un problème en soi. Le vrai problème est que certains candidats sont admis en réponse à des ordres spéciaux (de personnes influentes) », a déclaré Yingyos. Il a admis que la RTP n’était pas en mesure de confirmer si ces personnes étaient qualifiées.
Ce système qui s’apparente à des achats de position permet aux réseaux criminels d’infiltrer des taupes dans la RTP.
Le stage de 17 semaines reste une bonne idée car il permet de former rapidement, en tant que policier, des spécialistes dans un domaine particulier. Ainsi on crée des taupes pour infiltrer des milieux particuliers, or, c’est l’inverse qui se produit actuellement.
Le porte-parole du parti Move Forward, Rangsiman Rome, a déclaré que le MFP enquêterait sur l’éligibilité des personnes inscrites au cours de formation.
M. Rangsiman a déclaré qu’il examinait les listes des années précédentes pour recueillir des preuves sur des allégations de pots-de-vin et de corruption dans le recrutement inhabituel d’officiers supérieurs.
Rangsiman avait déjà dénoncé en plein hémicycle comment les officiers devaient payer des fortunes pour devenir chef d’un commissariat. C’est ce système organisé par des personnes intouchables qui oblige ensuite toute à police à racketter la population afin de rembourser l’investissement de départ.
Ce qui surprend le plus avec la police, en particulier sous son nouveau chef présumé incorruptible, c’est que, même si elle est dans le collimateur, les cas de malversations se multiplient. Par ailleurs, Chan-o-cha qui avait fomenté son coup d’état pour mettre fin à la corruption aura complètement échoué.
