
La province côtière de Samut Prakan, voisine immédiate de Bangkok, est en passe de devenir le premier territoire thaïlandais à subir des inondations permanentes. Selon les dernières modélisations climatiques, jusqu’à 30 % de sa superficie pourrait être submergée d’ici 2050, en raison de la montée du niveau de la mer et de la vulnérabilité croissante face aux pluies intenses et aux crues fluviales.
Le professeur Seri Suprathit, directeur du Centre sur le changement climatique de l’université Rangsit et expert auprès du GIEC, alerte sur un triple risque : les crues en provenance de l’amont, les inondations côtières et les précipitations extrêmes. Le 7 septembre 2025, plusieurs zones de Samut Prakan ont été inondées malgré des pluies inférieures à 70 mm, illustrant la fragilité du système actuel. Les axes routiers majeurs comme Srinakarin, Phraksa et Sukhumvit sont particulièrement exposés.
Même en l’absence de pluie, plusieurs axes routiers se retrouvent régulièrement submergés à certaines heures, sous l’effet des marées. Cela laisse présager un scénario progressif : des quartiers partiellement immergés selon les cycles marins, comme une mise en eau intermittente qui pourrait devenir permanente.
Les districts de Bang Phli, Bang Sao Thong et Bang Bua figurent parmi les plus menacés. Une simulation de pluie de 150 mm en six heures montre que de vastes zones pourraient être englouties. Le professeur Seri insiste : « Quand cela arrivera, il sera trop tard pour agir. » Il appelle à une planification urgente de l’aménagement du territoire et à des mesures concrètes de prévention.
La situation est d’autant plus critique que Samut Prakan constitue une barrière naturelle pour Bangkok. Si elle cède sous les eaux, la capitale sera directement exposée. Le gouvernement dispose de systèmes d’alerte nationaux comme Cell Broadcast et T-Alert, mais des dispositifs locaux, inspirés des modèles japonais J-Alert et L-Alert, seraient plus efficaces pour anticiper les catastrophes et protéger les populations.
Face à l’urgence climatique, Samut Prakan devient un symbole : celui d’une province en première ligne, où les décisions d’aujourd’hui détermineront la survie de demain. Sans intervention rapide, elle pourrait être la première à disparaître sous les eaux — et entraîner Bangkok dans son sillage.