
La plupart des répondants à un récent sondage NIDA se disent mécontents du gouvernement en place depuis neuf mois et n’ont aucune confiance en lui, explique ThaiPBS, l’agence nationale de presse.
L’Institut national d’administration du développement (NIDA) a mené l’enquête auprès de 1 310 personnes, âgées de 18 ans et issues de divers horizons, les 4 et 5 juin.
Quant aux performances de l’administration Srettha,
31,69% sont très mécontents, car le gouvernement n’a pas tenu ses promesses électorales,
34,35% ne sont pas satisfaits, car il n’y a eu aucune amélioration
Total des mécontents 66 % soit 2 tiers des Thaïlandais
25,19% se disent cependant plutôt satisfaits et
7,40% très satisfaits, car le gouvernement est sincère et travaille dur (il fait ce qu’il peut).
1,37% indécis.
Concernant la confiance dans le gouvernement,
35,95% n’ont aucune confiance, car il n’y a pas de changement, le gouvernement sert ses propres intérêts.
35,04% ont peu confiance le gouvernement.
22,14% se disent assez confiants dans le gouvernement et 5,42% se disent très confiants.
Le grand journaliste Pravit Rojanaphruk essaie d’expliquer pourquoi le gouvernement ne peut pas gouverner et pourquoi le premier parti du pays (Move Forward) ne peut pas non plus gouverner laissant le régime aux commandes.
Selon lui, Le peuple thaïlandais est perpétuellement tenu en otage par « l’État profond » – le régime qui ne peut accepter la volonté du peuple chaque fois que celle-ci va à l’encontre de son idéologie conservatrice et égoïste. Au cours des dernières semaines, nous avons entendu parler de coup d’État militaire (encore une fois) et de coup d’État judiciaire (encore une fois).
Cela reflète un sentiment d’insécurité chez de nombreux Thaïlandais convaincus que le régime, l’armée, la « justice » n’accepteront jamais la volonté du peuple si elle va à l’encontre de ses intérêts. Le mantra du régime, c’est : « Ne faites pas ce que nous n’approuvons pas car vous êtes notre otage perpétuel. »
Selon la progressiste Pannikar Wanich le régime cherche non seulement à renverser le gouvernement Pheu Thai, mais aussi à dissoudre le parti Move Forward et à annuler les élections sénatoriales pour que le Sénat nommé par la junte reste en place. Elle pense que : « la population ne l’acceptera plus. »
Alors que le nouveau gouvernement n’est en place que depuis 9 mois, on entend parler de tentative sérieuse du régime de « réinitialiser » la politique thaïlandaise parce qu’il ne se sent plus en contrôle.
Pravit dit ne plus supporter d’entendre cela depuis 20 ans. Selon lui, Trop de Thaïlandais acceptent les prises de pouvoir flagrante et illégitime du régime et ne se battent pas contre les coups d’état militaires.
Et c’est encore plus difficile de résister à un coup d’État judiciaire, car ce n’est pas immédiatement aussi choquant que faire rouler des chars dans les rues de Bangkok. Le Premier ministre Srettha Thavisin risque désormais d’être destitué. Le parti d’opposition Move Forward, extrêmement populaire parmi la classe moyenne jeune et instruite, risque d’être dissous par le même tribunal pour s’être engagé à modifier la loi de lèse-majesté. (cette « loi royale » est désormais considérée presque comme un commandement de Dieu, alors qu’il n’y a pas de dieu dans le bouddhisme, la religion des Thaïlandais, rappelle Pravit)
Il y a aussi cette élection indirecte alambiquée du Sénat (règles rédigées par des personnes nommées par la junte), qui fait également face à une éventuelle annulation par le même tribunal.
Pravit espère que les neuf juges et le régime considéreront la situation dans son ensemble : le pays doit pouvoir avancer et bénéficier de stabilité, impossible avec les foucades actuelle des puissants. Pravit pense comme Pannikar qu’il est temps pour l’otage de dire : « Trop, c’est trop »,
Cela dit, Le vote au niveau des districts pour les élections sénatoriales s’est déroulé sans problème dimanche. L’ancien Premier ministre Somchai Wongsawat et l’ancien commissaire électoral Somchai Srisutthiyakorn ont passé ce premier tour sans encombre.
Le prochain scrutin au niveau provincial aura lieu dimanche prochain (16 juin). Tour national le 26.
Thaksin affirme qu’il ne fuira pas et se rendra devant le procureur le 18 juin. Il est accusé de crime de lèse majesté.
A date, les observateurs ne pensent pas que le régime revienne au pouvoir grâce à une manœuvre politique en débauchant des députés Pheu Thai et Move Forward (quand il sera dissous) pour reformer une coalition pro-armée donc sans les partis sus-nommés.