
Cette semaine, la politique thaïlandaise est dominée par trois événements liés à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui pourraient profondément affecter la stabilité du gouvernement dirigé par le Pheu Thai. Ces épisodes, attendus entre le 12 et le 14 juin, combinent pressions judiciaires, enjeux institutionnels et tensions géopolitiques.
Le 12 juin, le Conseil médical de Thaïlande (MCT) se réunira pour décider s’il maintient les sanctions contre trois médecins accusés d’avoir injustement facilité l’hospitalisation prolongée de Thaksin, au sein du luxueux hôpital de la police, lui évitant une incarcération. Bien que le ministre de la Santé publique ait annulé les mesures disciplinaires initiales (suspensions et avertissements), une reconfirmation des sanctions serait perçue comme un défi direct à l’influence de Thaksin.
Le lendemain, la Cour suprême entamera son enquête sur les circonstances ayant permis à Thaksin d’être traité dans une chambre d’hôpital plutôt que dans une cellule. Cette audience vise à évaluer les irrégularités dans les décisions du Département des services correctionnels, à interroger les agents impliqués, et à considérer la comparution de Thaksin lui-même. L’affaire soulève des interrogations sur le traitement préférentiel des figures politiques et pourrait établir un précédent en matière de justice égalitaire.
Le 14 juin, la réunion bilatérale de la Commission mixte des frontières (JBC) entre la Thaïlande et le Cambodge à Phnom Penh revêt une importance stratégique, sur fond de tensions militaires croissantes. Après un affrontement mortel fin mai, des accusations mutuelles de violations territoriales ont ravivé les nationalismes. La proximité passée de Thaksin avec l’ex-Premier ministre cambodgien Hun Sen nourrit la méfiance envers la position diplomatique du gouvernement Pheu Thai, jugée par certains comme trop conciliante.
Parallèlement, une recomposition du gouvernement se profile. Thaksin aurait décidé de garder le Bhumjaithai dans la coalition, tout en excluant le Ruam Thai Sang Chart de l’équation gouvernementale. Cette manœuvre libérerait des portefeuilles ministériels clés (Énergie, Industrie), jusqu’ici tenus par des alliés de l’armée, au profit du Pheu Thai et du Bhumjaithai. Une redistribution qui renforcerait le pouvoir de Thaksin en coulisses, malgré des réticences internes.
Au milieu des tensions, la coalition autour du Pheu Thai semble stable avec l’appui d’environ 300 députés. La défection possible de certains élus du Ruam Thai Sang Chart vers des partenaires comme Kla Tham laisse entrevoir une majorité parlementaire assurée.
Le Ruam Thai Sang Chart, parti du putschiste Prayut Chan-o-cha, est le second parti pro-armée à imploser après le Palang Prachachart, parti d’un autre putschiste, Prawit Wongsuwan. Dans les deux cas, la moitié des députés ont rallié la coalition tandis que l’autre s’est retrouvée dans l’opposition. De nos jours, le parti qui rassemble les conservateurs reste le Bumjaithai.
L’ensemble de ces événements illustre le poids continu de Thaksin dans les dynamiques politiques thaïlandaises, où affaires judiciaires, diplomatie régionale et stratégies partisanes s’entremêlent étroitement. Une semaine à haut risque, riche en implications pour l’équilibre du pouvoir.