Les évènements se précipitent à un tel rythme en Thaïlande qu’il faut en rendre compte plusieurs fois par jour.
Il s’agit de détails très importants dont la presse française n’a pas le temps de rendre compte.
Piyabutr Saengkanokkul, un membre clé du Mouvement progressiste, considère que le parti Move Forward pourrait assumer le rôle de l’opposition, si sa tentative de modifier l’article 272 de la Constitution (pour priver les sénateurs du pouvoir de choisir le Premier ministre) échoue.
Le plus important est donc que Move Forward (MFP) devrait proposer un projet de loi visant à abolir l’article 272 de la constitution qui donne aux sénateurs nommés par la junte le pouvoir de se joindre aux députés pour sélectionner le Premier ministre, a déclaré Piyabutr Saengkanokkul.
Il rappelle que cet article 272 doit, de toute façon devenir caduque en mai 2024. Ensuite et sauf « arrangement au sein du régime », les sénateurs ne pourront plus nuire à la démocratie en Thaïlande.
En attendant, Il pense que les sénateurs qui s’opposent du chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, ne changeront pas d’avis, quel que soit le nombre de tours, à moins qu' »il n’y ait un nouveau signal » pour les forcer à changer d’avis ou qu’il y ait des manifestations de masse.
Même si le parti Move Forward essaie de persuader certains partis de rejoindre l’alliance des huit partis, Piyabutr a déclaré qu’il doutait que l’un d’entre eux, comme Bhumjaithai, les démocrates ou Charttthaipattana, rejoigne la coalition parce qu’ils sont contre la modification de la loi de lèse-majesté.
Il doute également que les sénateurs votent en faveur d’un candidat au poste de Premier ministre du parti Pheu Thai, si le parti Move Forward décide de retirer la candidature de Pita pour permettre au Pheu Thai de prendre la tête, car les sénateurs ne veulent pas voir le parti Move Forward au gouvernement.
Il soutient bien sûr la tentative d’amender la Constitution, pour priver les sénateurs du pouvoir de sélectionner le Premier ministre, « au moins pour montrer aux gens que le parti a essayé son respecter les souhaits des 27 millions d’électeurs pour les partis de la coalition ».
A ce stade, le seul et dernier espoir pour Move Forward est donc l’abolition de l’article 272 de la constitution, pour priver les sénateurs du pouvoir de voter pour le Premier ministre. Le projet de loi devrait être soumis à la délibération du Parlement dans les meilleurs délais. Le processus d’abolition de l’article 272 pourrait être achevé en quatre semaines, a déclaré M. Piyabutr.
« Si le projet de loi est rejeté par le parlement, le parti Move Forward pourrait dire au peuple qu’il a fait de son mieux mais qu’il a dû faire face à de gros obstacles. Il serait alors temps pour le parti de se retirer dans l’opposition.
« Nous serions alors en mesure de garder la tête haute et d’être fiers d’être un » mouton noir « dans la politique thaïlandaise. Nous continuerions à nous battre encore plus fermement. Si les 14 millions de voix aujourd’hui ne suffisent pas, nous devrons avoir 20 à 25 millions de voix demain », a déclaré M. Piyabutr.
M. Piyabutr, un expert en droit, a été banni de la vie politique lorsque le Future Forward Party a été dissous par la décision de la Cour constitutionnelle du 21 février 2020 pour violation de la loi électorale sur les dons aux partis politiques. Future Forward a été relancé sous le nom de Move Forward, avec M. Pita en tant que leader.
Encore plus important, à 16 heures vendredi, Le président du Parlement, Wan, vendredi, accepte une pétition des députés du MFP visant à modifier l’article 272 de la charte parrainée par la junte qui, en cas de succès, supprimerait le pouvoir des sénateurs nommés par la junte de voter conjointement avec les députés élus pour le PM.
Mais ce sera très difficile. Pour réussir, ils auront besoin d’au moins 376 voix du parlement, de l’approbation d’un tiers des sénateurs nommés par la junte, soit 84 d’entre eux, et d’au moins 20 % des voix des partis d’opposition.
Le président de la Chambre, Wan Muhamad Noor Matha, a déclaré vendredi qu’un deuxième tour de scrutin pour sélectionner le prochain Premier ministre se déroulerait le 19 juillet comme prévu. Mais Il a cependant refusé de dire si Pita pourrait être à nouveau se présenter après avoir échoué jeudi.
«Je ne peux pas commenter cette affaire maintenant. Cela dépend de la réunion [parlementaire]. Je dois rester neutre. Nous devons consulter les règlements et la Constitution. », a-t-il déclaré.
Du côté du Pheu Thai, son chef, Cholnan Srikaew, a insisté vendredi sur le fait que son parti resterait fodèle à la coalition existante de huit partis dirigée par Move Forward et qu’il n’avait pas de « plan B » pour sélectionner un Premier ministre.
Cholnan a déclaré que Pheu Thai attendait une réunion avec Move Forward pour discuter sur la manière d’obtenir un soutien majoritaire pour Pita.
Le sénateur Seri Suwannapanont a déclaré que la coalition dirigée par le MFP ne peut pas nommer Pita Limjaroenrat, pour le second tour sur le poste de Premier ministre, car cela violerait les règlements du Parlement.
Seri a expliqué que selon le règlement, une pétition qui a déjà été rejetée par le parlement ne peut être soumise à nouveau que si le président de la Chambre l’autorise, alors la nouvelle pétition ne peut pas être identique à la précédente.
Interrogé sur la possibilité d’inclure un autre candidat avec Pita dans la pétition, le sénateur Seri a déclaré que cela pourrait être viable, mais que la décision appartiendrait en fin de compte au président de la Chambre.
Le sénateur Praphan a ajouté que les partisans du MFP devraient abandonner tout espoir de voir Pita devenir le nouveau Premier ministre, car il pourra encore être disqualifié par la Cour constitutionnelle pour l’affaire iTV. Il a exhorté le MFP à cesser d’inciter à l’agitation et à respecter le système parlementaire.
A l’opposé Un citoyen a déposé une plainte auprès de la police contre Ittiporn Boonprakong, le président de la Commission électorale (CE), et d’autres membres de la CE. L’homme, Thanapon Jiwchinda, a déclaré qu’Ittiporn et les commissaires avaient violé l’article 172 de la loi. Selon l’article, les agents de l’État qui abusent de leur pouvoir pour nuire à autrui risquent une peine d’emprisonnement de 1 à 10 ans, une amende allant de 20 000 à 200 000 bahts, ou les deux.
Thanapon a affirmé qu’Ittiporn et les commissaires ont abusé de leur pouvoir en demandant à la Cour constitutionnelle de statuer sur l’éligibilité de Pita au sujet de ses actions iTV. Il a fait valoir que la CE savait qu’iTV avait cessé ses activités en tant que média depuis 2007. Néanmoins, la CE a quand même choisi de demander la décision du tribunal sur l’éligibilité de Pita, ce qui serait une faute.
Voilà pour les informations. En ce qui concerne les analyses, les Thaïlandais sont catastrophés. Florilège.
« L’objectif de chaque joueur est désormais d’éviter de se faire tuer, que ce soit instantanément ou lentement. » affirme THAIPBS
Pita cherchera un deuxième essai. Pheu Thai évaluera ses risques et ses opportunités. Prawit Wongsuwan et Prayut Chan-o-cha attendront tous deux en embuscade. Même Anutin Charnvirakul doit penser qu’il peut tenter sa chance.
Même si Pita réussit à convaincre certains des partis qui s’opposent à lui de faire volte-face, la « justice » se dressera sur son chemin.
Pheu Thai peut dire « essayons l’un de nos candidats » mais une grande partie du Sénat pourrait rester hostile si le PT est toujours allié avec MF.
Ou Pheu Thai peut contacter Palang Pracharath, Bhumjaithai et les démocrates. Mais pour la droite un Premier ministre Pheu Thai et le retour de Thaksin Shinawatra serait comme « fumer une cigarette dans un entrepôt de munitions ».
Prawit alors ? Il serait élu haut la main et Thaksin serait traité avec égard au nom de la « réconciliation » . Il est amusant de lire les éditorialistes de droite qui ont fait carrière en fustigeant le Pheu Thai il y a quelques années en parler comme si c’était leur dernier espoir.
Mais le partenariat Palang Pracharath – Pheu Thai sera non seulement une erreur stratégique pour les deux, mais aussi fragile.
Le Pheu Thai devra penser à sa base de fans, c’est-à-dire à la prochaine élection. Le parti a perdu contre Move Forward en tant qu’opposition, alors imaginez ce qui pourrait arriver s’il faisait parti d’un gouvernement Prawit forcément impopulaire. Le Pheu Thai serait laminé aux prochaines élections.
C’est à cela que pense Move Forward actuellement. Le régime n’a pas accepté une réformette en 2023, il reviendra avec un bazooka et de vraies réformes, seul parti d’opposition, vainqueur probable en 2027.
Concernant Pita personnellement, les controverses sur iTV et l’article 112 jouent un rôle important. Il peut comme Thanatorn avant lui être banni de la vie politique pour de longues années. Cela signifie que d’autres leaders, toujours plus radicaux, prendront le relai. Encore un mauvais calcul du régime.
Selon THAIPBS la lutte est telle que celui qui gagnera en 2023 sera le joueur le plus astucieux, et non le plus populaire, et très probablement le dernier homme encore debout.
Dessin du sérieux Matichon qui montre ce qu’il advient du suffrage populaire en Thaïlande quand il ne correspond pas à ce que souhaite le régime.
