suite de cette affaire
La THAÏLANDE PRÉVOIT de faire appel à l’Allemagne pour qu’elle fournisse un moteur de fabrication allemande pour un sous-marin de construction chinoise déjà acheté par la marine thaïlandaise, a confirmé vendredi le ministre de la Défense Suthin Khlangsaeng.
Le Premier ministre Srettha Thavisin et le ministre des Affaires étrangères Panpree Pahitthanukorn demanderont au gouvernement allemand d’autoriser la vente du moteur MTU396 de fabrication allemande pour le sous-marin de classe Yuan S26T en cours de construction par China Shipbuilding, lors d’une réunion prévue avec leurs homologues allemands durant la session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York plus tard ce mois-ci, a déclaré Suthin.
Les relations entre la Thaïlande, l’Allemagne et la Chine resteraient intactes si les Allemands acceptaient finalement de vendre à la marine thaïlandaise le fameux moteur pour l’utiliser dans le sous-marin chinois, selon le ministre de la Défense.
Néanmoins, le premier sous-marin S26T de fabrication chinoise en Thaïlande ne devrait pas être livré de sitôt, compte tenu des problèmes rencontrés dans l’achat du moteur MTU396. Les pays européens n’ont pas le droit de vendre du matériel militaire à la Chine.
L’entreprise chinoise de construction navale avait proposé qu’un tout nouveau moteur CHD620 de fabrication chinoise soit installé à bord du sous-marin S26T, un dérivé du sous-marin russe Kilo, à la place du moteur allemand indisponible.
Les amiraux thaïlandais s’inquiétaient car le moteur chinois CHD620 n’avait été éprouvé au combat nulle part ni utilisé par aucune marine mondiale.
Au cours des dernières années, le chef de la marine Luechai Ruddit (maintenant en retraire) insistait pour l’achat du sous-marin chinois et aurait refusé les offres d’un sous-marin allemand d’occasion ou d’un sous-marin sud-coréen neuf.
L’achat prévu du sous-marin de construction chinoise d’une valeur de 12,4 milliards de bahts, qui serait le premier en Thaïlande depuis 60 ans, devait être livré cette année. Livraison reportée à l’année prochaine, prétendument en raison de la pandémie de Covid, puis à nouveau retardée, selon le chef de la marine Choengchai Chomchoengpaet. La vraie raison en était l’incapacité de la Chine a obtenir le moteur allemand prévu par contrat.
Le chef de la marine a déclaré plus tôt que le contrat d’achat de sous-marins pour lequel une somme de sept milliards de bahts a déjà été versée à titre d’acompte pourrait finalement être annulé par la marine thaïlandaise.
La marine thaïlandaise avait prévu d’acheter trois sous-marins S26T, les deux suivants devant être vendus pour un prix combiné de 22,5 milliards de bahts dans les années à venir. Mais l’ancien chef de la marine Somprasong Nilsamai avait reporté sine die l’achat prévu des deux autres sous-marins du même type, en raison de contraintes budgétaires.
L’ancien Premier ministre Prayut Chan-o-cha avait précédemment déclaré que l’intégralité du contrat d’achat du sous-marin de construction chinoise ne pourrait probablement être annulée que si la marine confirmait à nouveau qu’il devait être équipé du moteur allemand et de aucun autre.
Face à l’embargo de l’Allemagne et de l’Union européenne sur la vente de matériel militaire à la Chine, la superpuissance asiatique avait précédemment proposé de fournir à la marine thaïlandaise deux sous-marins Type 039 d’occasion à la place du sous-marin S26T. Offre refusée par la Thaïlande.
Mais récemment, à la fin du mandat Prayut, les amiraux étaient sur le point d’accepter le moteur chinois jamais testé.
Si Srettha obtenait que le moteur soit, en réalité, acheté à l’Allemagne par la Thailande, contournant ainsi l’embargo européen vis-à-vis de la Chine, ce serait une grande victoire pour lui.
