Le gouvernement accorde plus d’importance à la gestion des ressources en eau qu’au projet de train à grande vitesse. L’Approvisionnement en eau doit répondre aux demandes du secteur industriel, en particulier dans la région orientale (CEE autour de Pattaya), a déclaré vendredi le Premier ministre Srettha Thavisin.
C’est une véritable révolution copernicienne. Notre article du 6 mai listant les échecs du gouvernement Prayut dans le CEE, rappelait « Le gouvernement doit d’abord s’assurer de l’approvisionnement en eau de la région. ». Une région ressemblant à un Taïwan sans eau courante n’a pas grand avenir.
Prayut, pour des raisons de géopolitique, s’était rapproché des Chinois qui veulent construire des TGV en Thailande principalement pour leur propre intérêt et avoir un débouché sur le golfe de Thailande. Après 9 ans de régime militaire, la Thailande n’a ni TGV, ni approvisionnement en eau dans le CEE.
Selon Srettha, Il faut améliorer la gestion des ressources en eau, pour convaincre les investisseurs qu’il y a un approvisionnement suffisant pour le secteur industriel, ajoutant que les entrepreneurs de la région orientale, lui ont fait part de leur inquiétude quant au risque de pénurie d’eau en avril 2024.
Il a également déclaré qu’il avait chargé le Département de l’irrigation d’examiner le problème de l’eau dans les provinces orientales, où se trouve le corridor économique oriental (CEE) de la Thaïlande, pour s’assurer qu’il y ait un approvisionnement suffisant. Il a jouté que si ses ministres et lui sont en « tournée de présentation » pour promouvoir les investissements en Thaïlande, la presse ne doit pas faire état de pénuries d’eau.
Cette remarque n’est pas judicieuse car d’une part elle semblerait restreindre la liberté de la presse et d’autre part elle méprise la sagacité des investisseurs étrangers. Tout le monde sait que, à date, l’approvisionnement en eau du CEE n’est pas assuré.
En prononçant aujourd’hui un discours sur le « prochain chapitre de la Thaïlande », le Premier ministre a déclaré qu’il aimerait voir la Thaïlande devenir le leader mondial de l’agro-alimentaire. L’eau est un élément clé de la production agricole et industrielle.
Pour l’instant, Srettha reste cependant dans l’incantation et ne dit pas comment l’eau arrivera dans les usines et dans les champs.
Concernant le moratoire sur la dette des agriculteurs, le Premier ministre a déclaré qu’il ne voulait pas que cette mesure soit répétée à l’infini, soulignant qu’une mesure similaire a été introduite 13 fois au cours des neuf dernières années (Prayut), et pourtant de nombreux agriculteurs restent lourdement endettés et pauvres.
Il a toutefois déclaré que le moratoire de 12 mois sur la dette, introduit par son gouvernement, pour environ deux millions d’agriculteurs, qui n’ont pas plus de 300 000 bahts de dettes auprès de la Banque des coopératives agricoles (BAAC), doit être compris comme un répit temporaire, ajoutant qu’à l’avenir, d’autres mesures seront introduites pour améliorer la productivité des agriculteurs.
Le Premier ministre a également clairement indiqué que son gouvernement n’interviendrait pas pour garantir les prix des produits agricoles ni pour introduire un système de garantie du riz, à moins qu’une catastrophe ne provoque d’importants dégâts aux cultures.
Un projet de garantie des prix du riz mis en place par Yingluck Shinawatra alors au pouvoir en 2012-2013 et dont Srettha était proche, a mené à une catastrophe économique et politique car trop difficile à gérer. Yingluck a d’ailleurs été condamnée à une peine de prison pour cela. Elle est en fuite et ne prévoit pas de revenir purger sa peine en Thailande.
Par ailleurs, Srettha Thavisin, s’est engagé à transformer le pays en une destination majeure pour les investissements étrangers en poursuivant davantage d’accords de libre-échange (ALE) et en développant la fabrication d’automobiles électriques et traditionnelles.
Il a déclaré qu’il s’efforçait d’attirer les constructeurs de véhicules électriques (VE) dans le pays – le quatrième plus grand centre d’assemblage automobile en Asie – mais qu’il ne négligerait pas la fabrication de voitures à moteur à combustion interne, afin de garantir des avantages aux entreprises japonaises – le principal moteur de son industrie automobile depuis des années.
La Thaïlande devrait bénéficier du passage aux véhicules électriques, notamment grâce à des investissements chinois d’une valeur de 1,44 milliard de dollars depuis 2020, réalisés par des sociétés comme BYD et Great Wall Motor. Cependant, il a ajouté que la Thaïlande soutiendrait également la fabrication automobile traditionnelle, qui restera importante au cours des 10 à 15 prochaines années.
