
Une vaste campagne menée par l’ancien chef adjoint de la police nationale, Surachate Hakparn, surnommé Big Joke, et Atchariya Ruangratanapong, président du Crime Victims Assistance Club, secoue l’opinion publique en Thaïlande. Les deux hommes dénoncent une corruption systémique au sein des forces de l’ordre, impliquant des réseaux de fraude, de jeux clandestins et de criminalité transnationale.
Écarté de la police l’an dernier après des accusations de liens avec des sites de jeux en ligne qu’il considère comme une machination, Surachate affirme disposer de preuves montrant l’implication de hauts responsables. Selon Mana Nimitmongkol, président de l’Organisation anticorruption de Thaïlande, une ONG, plus de 200 officiers, ainsi que des ministres et anciens chefs de police, seraient liés à ces activités. Les escroqueries en ligne coûteraient chaque année plus de 100 milliards de bahts aux citoyens.
Les critiques pointent une structure trop centralisée, des promotions obtenues par favoritisme et une culture où l’influence des supérieurs prime sur le service public. Les réformes proposées incluent une décentralisation des pouvoirs, une hausse des salaires pour réduire les paiements occultes et un contrôle externe renforcé. Malgré quelques efforts, la réputation de la police reste ternie : elle figure parmi les professions les plus discréditées, juste derrière les politiciens.
Surachate, qui qualifie la police de « plus grande organisation criminelle du pays », rejette la plainte en diffamation déposée contre lui par le Bureau de la police royale. Il insiste sur le fait que ses accusations visent les officiers corrompus, non l’institution dans son ensemble. Après une année consacrée à rassembler des preuves, il promet de nouvelles révélations. Il a également porté plainte contre plusieurs hauts responsables de la Cour administrative suprême, qu’il accuse de partialité. Six magistrats sont désormais visés, et le tribunal anticorruption doit statuer le 23 décembre sur l’acceptation de sa plainte.
En parallèle, Surachate s’est retrouvé au cœur d’une polémique liée aux inondations de Hat Yai. Alors que le ministère de la Santé publique fait état de 140 morts confirmés, il affirme que le bilan réel pourrait approcher le millier. Le ministère dément, l’accusant de semer la confusion. Surachate réplique sur Facebook qu’il est prêt à compter lui‑même les corps pour démontrer que les chiffres officiels sont erronés, assurant vouloir « révéler la vérité » et défendre les droits des habitants.
Cette double offensive, mêlant accusations de corruption et contestation des bilans officiels, place Surachate au centre d’un débat brûlant sur la transparence et la crédibilité des institutions thaïlandaises.



