
Ultranationalistes thaïlandais excités
Tensions, barbelés arrachés, manifestants en colère : Ban Nong Chan, village frontalier de la province de Sa Kaeo, est devenu le théâtre d’un bras de fer entre Thaïlande et Cambodge. Au cœur du conflit, le protocole d’accord signé en 2000 (MoU 2000), que l’opposition thaïlandaise souhaite annuler, accusant le gouvernement de faiblesse face aux revendications cambodgiennes.
Pourtant, le ministère des Affaires étrangères insiste : ce MoU est indispensable. Il repose sur les traités historiques Siam–France de 1904 et 1907 et encadre les travaux de la commission frontalière conjointe. Il impose aux deux pays de ne pas modifier l’environnement des zones disputées, de coopérer au déminage et de résoudre les différends sans recours à des tiers. En clair, il offre un cadre légal et diplomatique pour éviter l’escalade.
Mais sur le terrain, la tension monte. Des Cambodgiens ont démantelé des barbelés posés par l’armée thaïlandaise, provoquant des affrontements verbaux avec des villageois et militants nationalistes venus défendre « leur terre ». L’armée a réinstallé les barrières et déployé des dispositifs acoustiques pour dissuader toute nouvelle incursion. Le gouvernement affirme que Ban Nong Chan est clairement thaïlandais, selon les cartes et documents incertains, à ce stade.
L’opposition, elle, veut relancer le débat parlementaire sur l’annulation des MoU 2000 et 2001, bloqué la semaine dernière. Le parti Bhumjaithai propose même un comité spécial pour évaluer les impacts de ces accords. Pheu Thai, au pouvoir, souhaite un débat à huis clos, invoquant la sécurité nationale.
La crise prend aussi une tournure politique. Paetongtarn Shinawatra, Première ministre suspendue, est accusée d’avoir mal géré le dossier et de compromettre la souveraineté nationale. Son père, Thaksin, est soupçonné d’influencer les décisions en coulisse. Des figures comme Anutin Charnvirakul ou Pirapan Salirathavibhaga sont évoquées comme successeurs potentiels.
Dans ce climat explosif, le MoU 2000 apparaît comme un garde-fou. Il ne règle pas tout, mais sans lui, les risques de confrontation directe seraient bien plus élevés. À ce jour, les tensions se concentrent sur des parcelles infimes que la Thaïlande et le Cambodge revendiquent. Sans le protocole d’accord de 2000 pour encadrer la délimitation, la frontière perd toute reconnaissance officielle, ouvrant la voie à de larges empiétements arbitraires. Maintenir ce cadre juridique, tout en renforçant les mécanismes de dialogue, semble aujourd’hui la seule voie pour éviter que Ban Nong Chan ne devienne un symbole de rupture diplomatique.
MàJ 1 : Une réunion extraordinaire du Comité régional des frontières Cambodge-Thaïlande s’est achèvée mercredi après-midi par une déclaration commune visant à résoudre les différends de manière pacifique et à prévenir les affrontements.
MàJ 2 : Un soldat thaïlandais a perdu son pied droit après avoir marché sur une mine près des ruines du temple de Ta Kwai et de la frontière avec le Cambodge, mercredi après-midi. La Thaïlande accuse le Cambodge.