
La Thaïlande et le Cambodge ont convenu de maintenir le cessez-le-feu instauré fin juillet après cinq jours d’affrontements meurtriers à leur frontière commune. Réunis en urgence à Kuala Lumpur, les représentants des deux pays ont réaffirmé leur volonté d’éviter toute escalade, sous l’égide de la Malaisie et avec le soutien de l’ASEAN. Une équipe d’observateurs militaires régionaux sera déployée pour surveiller les zones disputées.
Le maintien du calme à la frontière repose sur l’efficacité de cette équipe, tant les tensions restent vives de part et d’autre.
Bangkok s’inquiète du renforcement des troupes cambodgiennes et du survol de drones en provenance du territoire voisin. Phnom Penh, de son côté, évoque des initiatives locales non coordonnées. Les deux parties ont promis de respecter les conventions internationales, notamment en matière de rapatriement des corps et de libération des prisonniers de guerre.
Mais sur le terrain, les conséquences humaines sont lourdes. Près de 700 000 travailleurs cambodgiens auraient fui la Thaïlande, sur fond de xénophobie croissante. Des scènes de haine ont été rapportées, avec des migrants pris pour cible dans les marchés ou sommés de quitter leur logement. Certains se déguisent pour échapper aux représailles, comme au plus fort de la pandémie. L’avocate Koreeyor Manuchae alerte : « Ce ne sont plus seulement les États qui s’opposent. À l’échelle individuelle aussi, l’autre est perçu comme un ennemi. »
Ce climat délétère inquiète aussi les partenaires économiques. L’ambassadeur du Japon en Thaïlande, Otaka Masato, a exprimé sa préoccupation face aux perturbations du commerce régional. Les investissements japonais dans les deux pays sont menacés par l’instabilité, alors que la région est censée incarner un hub de connectivité.
Si les négociations bilatérales doivent se poursuivre dans les semaines à venir, plusieurs points sensibles restent en suspens : le déminage des zones disputées, la lutte contre les réseaux criminels transfrontaliers, et la gestion des flux migratoires. Le général Nattaphon, chef de la délégation thaïlandaise, a souligné que la réussite du processus dépendra de la coopération sincère des deux nations. Mais, sur fond de méfiance mutuelle et de pressions internationales, la paix reste précaire.
Tant que le pouvoir cambodgien reste entre les mains de la famille Hun, les médias locaux continueront d’alimenter l’hostilité envers la Thaïlande. En miroir, une frange ultraconservatrice thaïlandaise, plus marginale et vieillissante, entretient également les tensions. Un apaisement durable pourrait émerger avec les nouvelles générations, à condition qu’un accord frontalier soit enfin trouvé — ce qui, à ce jour, demeure hors de portée.