
L’économie thaïlandaise pourrait basculer dans la récession dès le dernier trimestre de 2025, selon Burin Adulwattana, économiste en chef du Kasikorn Research Centre. Dans un entretien accordé à Thai PBS World, il alerte sur une contraction au second semestre, en raison d’une chute brutale des exportations et de tensions persistantes aux frontières.
Les exportateurs thaïlandais subissent une double pression : les tarifs douaniers imposés par les États-Unis ralentissent la croissance, tandis que la vigueur du baht réduit leur compétitivité. La devise thaïlandaise pourrait se déprécier à moyen terme mais les effets immédiats restent préoccupants. Le secteur des exportations, pilier traditionnel de l’économie, montre des signes d’essoufflement.
Autre moteur en panne : le tourisme. Jadis fer de lance de la croissance, il souffre d’un net recul des visiteurs chinois et d’une concurrence régionale accrue. Le nombre de touristes étrangers, qui représentait 19 % du PIB avant la pandémie, peine à retrouver son niveau d’avant-crise. Cette baisse affecte directement la consommation intérieure, déjà fragilisée par un endettement des ménages parmi les plus élevés d’Asie.
Face à cette situation, le gouvernement vise une croissance de 3 % pour 2025, mais Burin Adulwattana juge cet objectif difficilement atteignable sans réformes structurelles, notamment dans le secteur agricole et la simplification de réglementations kafkaïennes interprétées de manières différentes suivant les fonctionnaires. Il appelle à des mesures rapides pour soutenir les agriculteurs et renforcer les chaînes d’approvisionnement locales, en particulier dans les secteurs de la joaillerie et des produits de la mer, qui restent compétitifs malgré les nouveaux tarifs.
Un léger espoir subsiste : la baisse des droits de douane américains à 19 % pourrait stimuler certains secteurs. De plus, les investissements étrangers et les projets de centres de données offrent des perspectives de relance. Mais pour éviter une spirale vers les abîmes, la Thaïlande devra agir vite et fort.
Dans un contexte de nationalisme exacerbé, les économistes évitent de reconnaître publiquement que le conflit avec le Cambodge nuit à l’économie — pourtant, les indicateurs le confirment