photo UNICEF
Un rapport conjoint du Conseil national de développement économique et social (NESDC), de l’UNICEF et de l’Institut thaïlandais de recherche sur le développement (TDRI) tire, encore une fois, la sonnette d’alarme : sans action rapide, le développement humain en Thaïlande pourrait sérieusement compromettre les perspectives économiques du pays. Malgré un accès généralisé aux services de base, les enfants et les jeunes manquent de compétences clés, de soins adaptés et d’opportunités d’insertion professionnelle.
À première vue, le discours de ces institutions pourrait sembler répétitif, comme une rengaine annuelle. Le lecteur pourrait croire qu’il s’agit d’un énième rappel des mêmes constats. Pourtant, ce rapport est bien nouveau : il a été publié le 30 juillet 2025 et apporte des données actualisées qui confirment l’urgence du problème.
Le rapport pointe des carences préoccupantes en matière de santé infantile. Retard de croissance, maigreur et obésité touchent de nombreux enfants. Seuls 75 % des enfants entre 2 et 5 ans présentent un développement normal. Les familles défavorisées sont les plus exposées, révélant une inégalité persistante dans l’accès aux soins et à la nutrition.
Côté éducation, les chiffres sont tout aussi inquiétants. Si la scolarité obligatoire est globalement respectée, seuls 42 % des élèves de CE1 (2e année) atteignent les niveaux requis en lecture, écriture et calcul. Les résultats du PISA 2022 confirment des performances faibles en mathématiques, sciences et lecture, surtout dans les zones rurales et chez les enfants dont le thaï n’est pas la langue maternelle.
Les inégalités se prolongent à l’âge adulte. À peine 59 % des Thaïlandais de 25 à 34 ans ont terminé le secondaire. Les jeunes hommes, les personnes handicapées et les milieux défavorisés sont les plus touchés par le décrochage. Pire encore : moins de 3 % des adultes suivent une formation continue, et seuls 39 % trouvent un emploi dans leur domaine après avoir été formés.
12,5 % des jeunes de 15 à 24 ans ne sont ni en éducation, ni en emploi, ni en formation. Ce phénomène touche particulièrement les populations marginalisées et à faibles revenus, accentuant les risques d’exclusion sociale et économique.
Pour Danucha Pichayanan, secrétaire général du NESDC, le constat est clair : « Il existe de graves inadéquations entre l’éducation et les besoins du marché du travail. » Danucha semble ne jamais se lasser de le répéter et aucun gouvernement thaïlandais n’a jamais cherché à mettre en place une formation professionnelle digne de ce nom.
Le rapport appelle à des réformes ambitieuses : financement renforcé de l’éducation, protection sociale inclusive, programmes scolaires alignés sur les réalités économiques, et investissements dans la santé mentale.
Kyungsun Kim, représentante de l’UNICEF, résume l’enjeu : « Les faits sont clairs et les solutions sont à portée de main. Ce dont la Thaïlande a besoin maintenant, c’est d’une action politique audacieuse et inclusive. »
La Thaïlande est à la croisée des chemins. Le développement du capital humain n’est plus une option, mais une nécessité. Investir dans les enfants et les jeunes, c’est investir dans l’avenir du pays. Le rapport est un appel à des actions concrètes, pour bâtir une société plus équitable, compétitive et résiliente.
