
Le secteur aérien thaïlandais fait face à une pénurie de pilotes qui pourrait s’aggraver d’ici deux à trois ans. En cause : l’expansion rapide des flottes et des obstacles liés au renouvellement des licences, qui empêchent plus de la moitié des pilotes qualifiés de reprendre leur poste.
Woranate Laprabang, PDG de Vietjet Thailand, indique que seules 20 à 30 % des pilotes ont été rappelés par les compagnies. Avec 18 avions en service et neuf nouveaux appareils attendus, la compagnie prévoit d’embaucher 50 pilotes supplémentaires cette année. D’ici 2028, elle vise une flotte de 50 avions et 500 pilotes, dont un tiers seront des élèves en formation.
Le renouvellement des licences exige des heures de vol régulières et des examens médicaux annuels. Les pilotes inactifs depuis la pandémie doivent suivre une remise à niveau coûteuse. Teerawat Angkasakulkiat, président de l’Association des pilotes thaïlandais, distingue deux groupes concernés : ceux ayant une licence commerciale sans expérience, et ceux licenciés pendant la crise sanitaire.
Face à ces défis, certaines compagnies, dont Vietjet Thailand, adoptent le modèle “pay-to-fly” : les pilotes financent leur propre formation en échange d’un emploi. Courante en Europe, cette pratique suscite des critiques en Thaïlande, notamment en raison de son coût élevé — jusqu’à 6 millions de bahts — et des risques potentiels pour la sécurité si elle n’est pas encadrée.
Le retour à l’emploi dépend aussi du type d’appareil. Si un pilote est déjà formé sur le modèle d’un nouvel avion, la transition est plus simple. Dans le cas contraire, une formation complète est nécessaire, ce qui freine les embauches.
Pour éviter une crise, le secteur devra renforcer la régulation des pratiques de recrutement et envisager des aides financières pour la formation des pilotes. L’enjeu est de taille : garantir la sécurité des vols tout en répondant à la croissance du trafic aérien.
La Thaïlande, qui mise sur le tourisme et les connexions régionales, ne peut se permettre de manquer de pilotes qualifiés. Le ciel thaïlandais pourrait bien dépendre de décisions prises aujourd’hui.



