La décision du procureur général d’inculper l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra pour lèse-majesté est le résultat du fait que Thaksin n’a pas honoré un accord avec le régime qui « tient » toujours la politique thaïlandaise, selon certains observateurs politiques.
Stithorn Thananithichot, de l’Institut du roi Prajadhipok, a déclaré que l’acte d’accusation est un avertissement de la part de l’establishment conservateur. Thaksin est considéré comme le leader de facto du parti Pheu Thai dirigé par sa fille, Paetongtarn. Les ultra-conservateurs pourraient être mécontents du rôle croissant de Thaksin dans la politique, a déclaré M. Stithorn.
« L’affaire de lèse-majesté est destinée à avertir Thaksin de ne pas dérailler. L’accord doit être honoré. La composition du nouveau cabinet et l’élection du nouveau Sénat sont également incluses dans le partage du pouvoir entre le régime et Pheu Thai », a-t-il déclaré. « Le régime a peur que Thaksin exerce trop de pouvoir. Il faut donc le calmer », a déclaré M. Stithorn. Mais Thaksin finira probablement par être libéré, a-t-il ajouté. « Ils ne veulent pas se débarrasser de lui. Ils ont juste besoin d’une garantie que l’accord sera honoré. »
Surachart Bamrungsuk, de l’Université Chulalongkorn, partage l’opinion selon laquelle l’acte d’accusation contre Thaksin résulte du fait qu’il ne respecte pas « l’accord ». « Le rôle croissant de Thaksin dans la politique a conduit à des problèmes. Il reste à voir s’il saura se calmer », a déclaré M. Surachart.
Cependant, Thanaporn Sriyakul, directeur de l’Institut d’analyse politique ne croit pas à cette théorie. Le procureur général doit être félicité pour avoir accompli son devoir en inculpant Thaksin, a déclaré M. Thanaporn qui n’est pas certain que Thaksin sera libéré sous caution lors de sa comparution le 18 juin. De nombreux suspects de lèse-majesté n’ont pas été libérés sous caution, a-t-il expliqué. Si le tribunal applique ces normes, Thaksin sera envoyé en prison, a déclaré M. Thanaporn.
Wisut Chainaroon, député Pheu Thai, a déclaré que l’inculpation contre Thaksin n’a aucun impact sur Pheu Thai. « N’essayez pas de le lier à Pheu Thai car il n’occupe aucune fonction gouvernementale », a déclaré M. Wisut, sans rire.
Thepthai Senapong, ancien député démocrate qui a eu maille à partir avec la justice pour fraude électorale, prédit que Thaksin se verra refuser la libération sous caution le 18 juin et serait immédiatement mis en prison, en attendant de longues procédures judiciaires. Néanmoins, il reste à voir si et comment Thaksin manipulera son monde pour éviter la prison comme il l’avait déjà fait à son retour d’exil en août dernier, a déclaré Thepthai.
Thaksin, qui affirme être actuellement infecté par Covid-19, s’épargnant ainsi la comparution a déjà été accusé d’avoir simulé des « maladies graves » à son retour d’exil pour éviter la prison.
Des membres du Pheu Thai affirment que la liberté sous caution de Thaksin dépendra de sa propre attitude. S’il acceptait de faire profil bas, restant chez lui et s’abstenant de se déplacer pour faire sentir sa puissance ou chercher une nouvelle popularité, il obtiendra une libération sous caution. Ses visites en province, de véritables shows et ses contacts avec les rebelles birmans et le premier ministre malaisien sont inadmissibles, même pour le gouvernement.
Il a obtenu sa liberté conditionnelle actuelle car il a œuvré avec le régime pour tenir Move Forward (gagnant des élections) à l’écart en créant une coalition avec les partis pro-armée, selon une source Pheu Thai.
Son obstination a vouloir voir son ami Pichit Chuenban, corrupteur patenté, nommé ministre a déjà été une faute grave. 40 sénateurs proches de Prawit Wongsuwan (de la junte Prayut) ont porté plainte contre le premier ministre Srettha Thavisin pour « punir » Thaksin.
Mais l’éventualité de voir Srettha destitué existe bien, si la « justice » en décide ainsi. Dans ce cas, CHAIKASEM NITISIRI POURRAIT le remplacer.
Le directeur du projet de développement politique et stratégique du NIDA, Pichai Rattanadilok na Phuket, a déclaré que le discret Chaikasem, actuellement député Pheu Thai, pourrait être choisi comme Premier ministre à la place de Srettha.
Chaikasem faisait partie d’un trio de candidats du Pheu Thai au poste de Premier ministre en lice lors des élections de l’année dernière, en plus de la fille de Thaksin, Paetongtarn, et Srettha. Chaikasem se disait malade à l’époque et n’a pas tenté de rivaliser avec Srettha.
Thaksin préférerait finalement garder sa fille / chef du parti à l’écart jusqu’aux élections de 2027, a déclaré Pichai. Chaikasem assurerait la transition, selon lui.
Il est peu probable que le leader de Bhumjaithai, Anutin Charnvirakul et celui du Palang Pracharath, Prawit Wongsuwan, obtiennent suffisamment de voix de la part des députés Pheu Thai pour remporter le poste de Premier ministre si Srettha est destitué ou « démissionné », a déclaré Pichai.
De toute façon, Thaksin aurait décidé que le poste de Premier ministre restera au Pheu Thai plutôt que de le laisser à d’autres partenaires de la coalition, a commenté Pichai.
Le fait que Thaksin et Srettha soient actuellement confrontés respectivement à des poursuites pour lèse-majesté et à des poursuites en impeachment ravirait le régime qui tient ainsi la barre de la Thaïlande encore plus fermement.
