
La présence annoncée de Thaksin Shinawatra au dîner de la coalition gouvernementale, prévu ce mardi, suscite de vives interrogations dans le paysage politique thaïlandais. Officiellement présenté comme un moment d’échange informel entre députés du Pheu Thai et alliés, ce rassemblement met en lumière le rôle toujours influent de l’ancien Premier ministre — malgré son absence de toute fonction officielle.
Wisut Chainaroon, député du parti Pheu Thai, a confirmé la participation de Thaksin à ce dîner, tout en rejetant les critiques sur une possible interférence. « Partager un repas ne signifie pas contrôler », a-t-il assuré, affirmant que Thaksin n’exercerait aucune pression sur les parlementaires.
Mais le message peine à convaincre certains observateurs. Thaksin, qui n’est ni élu, ni ministre, bénéficie d’une exposition inhabituelle dans les cercles gouvernementaux. Depuis le retour sur le sol thaïlandais de l’ancien chef de gouvernement — après un long exil ponctué de condamnations judiciaires — sa posture de « conseiller informel » brouille les lignes entre le pouvoir réel et symbolique.
Le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai, qui assure actuellement l’intérim à la tête du gouvernement, tente de normaliser l’événement : « Il s’agit d’un dîner de cohésion entre membres de la coalition, comme cela se fait dans tous les gouvernements. » Mais la question demeure : quel est le rôle précis d’un homme qui n’a ni mandat électif, ni attribution officielle, mais dont la parole influence toujours les débats ?
À l’heure où des tensions internes secouent l’alliance au pouvoir et où la légitimité démocratique est scrutée de près, la présence de Thaksin pourrait raviver les critiques sur la transparence et l’indépendance des institutions.
Pour certains nouveaux députés, écouter les conseils d’un ancien Premier ministre peut être « enrichissant ». Mais pour une partie de l’opinion publique, la confusion entre statut privé et influence politique reste un sujet sensible. L’attitude de Thaksin pourrait servir de prétexte aux ultraconservateurs pour contester la légitimité du gouvernement ; à partir de là, tous les scénarios sont envisageables.