Le tribunal pénal thaïlandais a acquitté Thaksin Shinawatra des accusations de lésé-majesté et de violation de la loi sur les crimes informatiques, liées à une interview accordée à une chaîne coréenne en mai 2015, dans laquelle il aurait tenu des propos jugés offensants envers l’institution monarchique. Thaksin a nié les faits et a comparu libre, après avoir obtenu une libération sous caution.
Les audiences se sont déroulées à huis clos. Parmi les témoins de la défense figuraient Thaksin lui-même, ainsi que deux anciens hauts responsables gouvernementaux : Wissanu Krea-ngam et Thongthong Chandrangsu. Tous ont été entendus dans un cadre strictement restreint par les autorités judiciaires.
Ce jugement marque une étape importante dans le parcours judiciaire de l’ancien Premier ministre, dont le retour sur la scène politique reste suivi de près.
Alors que Thaksin Shinawatra vient tout juste d’être acquitté, l’attention se tourne désormais vers sa fille, Paetongtarn Shinawatra, dont le sort politique reste incertain. Selon plusieurs analystes, la famille Shinawatra, pilier controversé de la vie politique thaïlandaise depuis plus de deux décennies, demeure sous forte pression judiciaire et institutionnelle, malgré ce verdict favorable.
La Première ministre suspendue doit encore faire face à une décision cruciale de la Cour constitutionnelle le 29 août, qui pourrait entraîner sa destitution pour violation présumée de l’éthique. Thitinan Pongsudhirak et d’autres observateurs estiment que ces développements pourraient affaiblir davantage le parti Pheu Thai, déjà fragilisé, et ouvrir la voie à des élections anticipées dans un contexte économique morose. Bien que Thaksin ait évité la prison aujourd’hui, son influence reste contestée, et la stabilité politique du pays demeure précaire.
Selon l’analyse de Thitinan Pongsudhirak, professeur à l’université Chulalongkorn, la Thaïlande serait engagée dans une nouvelle spirale d’instabilité politique, marquée par la suspension de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra. Celle-ci fait face à une décision imminente de la Cour constitutionnelle, à la suite d’un appel controversé avec l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen. D’après l’auteur, ses chances de rester en poste seraient minces, et son image publique déjà fortement ternie.
Thitinan estime que cette crise s’inscrit dans un cycle récurrent où le « régime ou « élite conservatrice » parvient à écarter les gouvernements élus, au détriment de la stabilité et du progrès. Il souligne que les efforts économiques du gouvernement — tels que la réduction des droits de douane ou la promotion du “soft power” — n’ont pas suffi à compenser les tensions politiques. Le poids judiciaire permanent et perpétuel pesant sur les Shinawatra affaiblirait le parti Pheu Thai, dont l’influence semble en déclin.
L’auteur considère que les alternatives politiques, comme Chaikasem Nitisiri ou Anutin Charnvirakul, pour le poste de Premier ministre, restent limitées, et que l’impasse pourrait conduire à un nouveau scrutin. Il note que le pouvoir du Parlement est incertain, et que l’avenir immédiat du pays dépend largement des décisions de la Cour et des intérêts militaires.
Dans le même temps, il a été annoncé que le lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la deuxième région militaire, a reçu le prix de la personne de l’année décerné par la Société de l’Institut King Prajadhipok. Cette distinction, saluant son charisme et son influence, vient appuyer les observations formulées par plusieurs analystes. À quelques semaines de sa retraite, Boonsin adopte déjà une posture qui évoque celle d’un acteur politique en devenir.
