
L’ancien Premier ministre en liberté conditionnelle Thaksin Shinawatra a catégoriquement réfuté toute suggestion selon laquelle la nomination de Phichit Chuenban, l’avocat de sa famille, au poste de ministre du Cabinet du Premier ministre, était un coup monté visant à affaiblir le Premier ministre Srettha Thavisin.
Thaksin a largement incité Srettha à intégrer Phichit, corrupteur patenté, dans son gouvernement offrant ainsi une occasion en or au régime militaire pour tenter de destituer le premier ministre.
Thaksin se présente comme un vieil homme sans position politique ni pouvoir, ajoutant que son rôle est de conseiller les plus jeunes et d’aider le pays du mieux qu’il peut.
Il maintient qu’il souhaite que Srettha reste en fonction le plus longtemps possible.
L’ancien Premier ministre a déclaré que la décision de 40 sénateurs de demander une ordonnance de la Cour constitutionnelle pour destituer le Premier ministre, suite à la nomination de Phichit, pourrait poser certains problèmes, mais n’entraînera pas la destitution du Premier ministre.
Il a également démenti qu’il pourrait tenter de « se venger » contre les 40 sénateurs.
Concernant ses récents entretiens avec des représentants des groupes ethniques minoritaires anti-junte du Myanmar à Chiang Mai et sa réunion secrète avec le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim à Phuket pour discuter des troubles dans le sud, Thaksin a déclaré que ces initiatives avaient été prises de bonne foi pour aider, sans arrière-pensée ou un intérêt direct. Pour mémoire, les initiatives de Thaksin sans coordination avec le gouvernement peuvent interférer négativement avec la diplomatie du royaume.
Accompagné de sa fille Paetongtarn, chef du Pheu Thai, et de son fils Panthongtae, Thaksin s’est rendu ce week-end à Nakhon Ratchasima pour rendre hommage à son défunt chauffeur, Wichai Changlek.
À son arrivée à l’aéroport, il a été accueilli par des sympathisants, notamment des partisans Chemises rouges de la province.
Thaksin a déclaré qu’il pense que la ville a dû beaucoup changer, mais que la campagne reste la même, car la plupart des gens sont pauvres en raison de l’économie malade.
Concernant l’affaire de lèse-majesté contre lui, dans laquelle les procureurs devraient annoncer leur décision mercredi, Thaksin a déclaré que, si nécessaire, il se rendra lui-même au bureau du procureur général pour entendre la décision.
Il a été inculpé de crime de lèse-majesté par l’ancien procureur général en 2016, alors qu’il se trouvait en exil volontaire. Le 19 janvier, la police l’a informé des accusations de lèse-majesté, qu’il a niées.
Pour revenir à l’affaire des 40 sénateurs et sans citer de nom, Thaksin a déclaré qu’il savait exactement pour qui ces sénateurs travaillaient. Il est de notoriété publique qu’ils sont personnellement fidèles au leader de Palang Pracharath, Prawit Wongsuwan.
« Dans la plupart des cas, lorsqu’il y a un coup monté en Thaïlande, il est facile de dire qui dirige la manœuvre et quelles sont ses motivations », a déclaré l’ancien Premier ministre.
Interrogé sur les remarques de certains commentateurs selon lesquelles la véritable cible des sénateurs n’était pas M. Srettha mais Thaksin lui-même, l’ancien Premier ministre de 74 ans a répondu : « Me cibler ? Non, je ne suis plus personne. Je suis vieux maintenant. Qu’on me Laisse tranquille. »
Thaksin n’a cependant pas répondu lorsqu’on lui a demandé si sa fille Paetongtarn pourrait remplacer M. Srettha au cas où il serait démis de ses fonctions.
Le sénateur Direkrit Janekrongtham, qui a admis être l’un des 40 sénateurs à l’origine de la pétition, a insisté sur le fait que le groupe n’était motivé que par le désir de protéger l’État de droit et d’agir contre toute violation de la constitution.
Le général Prawit Wongsuwon, chef du parti Palang Pracharath, a quant à lui nié toute implication dans la démarche des 40 sénateurs contre M. Srettha, même s’il a avoué que certains lui sont très proches.
Un proche collaborateur de l’ancien Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha, aujourd’hui membre du Conseil privé, a également rejeté les spéculations selon lesquelles le général Prayut aurait quelque chose à voir avec cette manœuvre, même si certains sont d’anciens camarades de l’École militaire.
D’ailleurs, Le Premier ministre Srettha Thavisin a révélé qu’il avait consulté l’ancien vice-Premier ministre de la junte Prayut, Wissanu Krea-ngam, au sujet de son affaire devant la Cour constitutionnelle. En effet, Wisanu était le constitutionnaliste et procédurier de la junte puis du gouvernement Prayut.
Malgré tout, Des discussions sur la nomination d’un éventuel nouveau Premier ministre commencent à circuler, certains médias affirmant que l’un des vice-Premier ministre sortant sabrait le champagne depuis jeudi.
Par ailleurs, les milieux économiques confirment que les investisseurs étrangers paniquent devant tant de volatilité politique. Tanit Sorat, de la Confédération de l’industrie (EconThai), a déclaré que cette affaire avait un impact sur la stabilité du gouvernement qui pourrait être à nouveau remanié, ce qui modifierait encore les priorités du gouvernement et détériorait encore plus la situation économique.
Enfin, Le parti d’opposition Move Forward nommera l’ancien chef du parti Pita Limjaroenrat comme candidat au poste de Premier ministre, s’il se produit un « accident politique » entraînant la destitution ou la démission du Premier ministre Srettha Thavisin, a déclaré lundi le chef du parti Chaithawat Tulathon.