
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a clos jeudi l’audition de Paetongtarn Shinawatra, suspendue de ses fonctions de Première ministre depuis le 1er juillet. En cause : une conversation téléphonique controversée avec Hun Sen, l’ex-Premier ministre cambodgien, sur fond de tensions frontalières. Le verdict sera rendu le 29 août, mais les juges ont exigé que les conclusions écrites soient déposées dès lundi pour préparer leur décision.
L’affaire repose sur une plainte déposée par 36 sénateurs, qui accusent Mme Paetongtarn d’avoir enfreint les règles éthiques des ministres. Un extrait audio de son appel avec Hun Sen, diffusé le 18 juin, a déclenché la polémique. Elle y évoquait ses liens personnels avec le dirigeant cambodgien et se montrait conciliante sur les revendications frontalières. Les plaignants estiment que ses propos donnaient l’impression qu’elle prenait parti pour le Cambodge, notamment en qualifiant un commandant thaïlandais d’“adversaire” et en se disant prête à satisfaire les demandes de Phnom Penh.
Les sénateurs font également l’objet d’une enquête en raison de fraudes électorales dont ils se seraient rendus coupables.
Mme Paetongtarn a défendu sa position en affirmant qu’elle cherchait à apaiser les tensions dans le cadre d’une stratégie diplomatique. Mais si elle est reconnue coupable, elle deviendrait le troisième membre de la famille Shinawatra à être évincé du pouvoir, après son père Thaksin (renversé en 2006) et sa tante Yingluck (destituée en 2014). Son prédécesseur immédiat, Srettha Thavisin, avait lui aussi été démis en 2023 pour avoir nommé un ministre au passé judiciaire.
L’affaire survient dans un contexte tendu : fin mai, une escarmouche à Ubon Ratchathani a ravivé les tensions entre la Thaïlande et le Cambodge. Bangkok a restreint les passages frontaliers, tandis que Phnom Penh a saisi la Cour internationale de justice. L’appel de Mme Paetongtarn à Hun Sen a eu lieu le jour même du dépôt officiel des revendications cambodgiennes.
Le 29 août s’annonce comme une journée décisive pour l’avenir politique du clan Shinawatra — et pour la stabilité du gouvernement thaïlandais.
Autre dossier brûlant : Thaksin Shinawatra, accusé de crime de lèse-majesté pour des propos tenus en 2015, comparaît demain devant le tribunal pénal. Une interdiction de couverture médiatique a été décrétée, relançant le débat sur la loi de diffamation royale dans un pays où la presse n’est pas vraiment libre. Si Thaksin est condamné, cela pourrait fragiliser davantage le parti Pheu Thai, déjà sous pression. Thaksin pourrait connaître son sort dès vendredi 22.