
Thaksin Shinawatra a donné une conférence sur la répression des drogues illégales, marquant sa première apparition publique en deux semaines. Devant les médias, il a affirmé qu’il ne cherchait pas à fuir la Thaïlande.
Son absence coïncidait avec une audience à venir devant la Cour suprême pour déterminer si sa peine de prison a été exécutée ou non. Arrivé dans sa Rolls-Royce, il a été accueilli par plusieurs hauts responsables, dont le chef de la police.
Des spéculations circulent sur un nouvel exil pour éviter l’audience, renforcées par des sanctions contre trois médecins impliqués dans son séjour prolongé dans le luxueux hôpital de la police.
Cette conférence a ravivé les souvenirs de sa « guerre contre la drogue » en 2003, une campagne qui a entraîné la mort de plus de 2 500 personnes, y compris des innocents, exécutés sans procès par la police.
Thaksin Shinawatra a exhorté le gouvernement à agir fermement contre le trafic de drogue transfrontalier, affirmant que, si le Myanmar ne pouvait pas résoudre le problème, la Thaïlande pourrait devoir intervenir elle-même. Il a ciblé l’Armée unie de l’État Wa (UWSA) et insisté sur l’importance d’une coopération régionale pour mettre fin à sa production de stupéfiants.
Le ministre des Affaires étrangères Maris Sangiampongsa doit engager des discussions avec les pays voisins pour coordonner la lutte contre l’UWSA. Thaksin a qualifié le trafic de drogue de menace sérieuse, en particulier pour la jeunesse, et a proposé de détourner une partie du budget de 157 milliards de bahts du « portefeuille numérique » ou « manne de 10 000 bahts » afin de financer des centres de désintoxication.
Le député Rangsiman Rome, président de la commission parlementaire ad hoc, a réagi à la proposition de Thaksin qui veut s’attaquer aux Wa. Rangsiman souligne que les Wa ne craignent pas le gouvernement thaïlandais, comme en témoigne leur exploitation minière illégale qui pollue la rivière Kok, déclenchant des protestations. Leur refus de mettre fin à ces activités montre qu’ils estiment que la Thaïlande n’a aucun levier contre eux.
Rangsiman préconise des discussions avec les pays de l’ASEAN ainsi qu’avec la Chine, voisine du Myanmar, pour résoudre ce problème. Enfin, il affirme que la Première ministre Paetongtarn Shinawatra devrait prendre la tête du dossier au lieu de s’appuyer sur les conseils de son père, Thaksin, car cela affaiblit le leadership de la Thaïlande et alimente le mépris des Wa envers le pays.
Mais Paetongtarn sera-t-elle encore Première ministre longtemps ?
Elle pourrait être poussée par son père, Thaksin Shinawatra, à dissoudre la Chambre des représentants si un procès visant des membres actuels et passés du gouvernement est transmis à la Cour constitutionnelle. Ce procès, initié par des activistes via la Commission nationale de lutte contre la corruption, vise à destituer ces responsables pour des irrégularités présumées dans la gestion d’un budget de 35 milliards de bahts sous les gouvernements Pheu Thai de Srettha Thavisin et Paetongtarn.
Thaksin pourrait préférer des élections anticipées plutôt que de voir sa fille et d’autres figures du parti évincées par la Cour. Selon l’expert Pichai Rattanadilok na Phuket, si la Commission anti-corruption transmet l’affaire, la Cour constitutionnelle devra statuer sous 15 jours. L’agence anti-corruption semble ralentir le processus, alors que plus de 300 législateurs et membres du cabinet pourraient être exclus de la politique pour avoir enfreint la constitution sur la gestion des fonds publics.
Cette affaire concerne le redéploiement de fonds destinés au remboursement de la dette publique vers le projet de « portefeuille numérique », une mesure phare du Pheu Thai. Il ne s’agit en aucun cas d’un détournement de fonds à des fins personnelles, mais des partis politiques ont été dissous et des Premiers ministres démis par la Cour pour beaucoup moins que cela.