
Moment rare à la prison centrale de Klongprem, Bangkok. L’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, incarcéré depuis septembre, a pu recevoir jeudi ses trois enfants et leurs familles lors d’une visite exceptionnelle organisée à l’approche du Nouvel An. Sa fille cadette, Paetongtarn Shinawatra, elle-même ex-Première ministre, a partagé sur Instagram une photo de groupe et remercié les autorités pénitentiaires pour cette « journée de proximité » qui concernait tous les détenus.
Cette rencontre était la vingtième autorisée depuis son incarcération le 9 septembre. Mais cette fois, les règles étaient assouplies : pas de vitres ni de téléphones, les familles pouvaient s’asseoir ensemble, manger et échanger librement. Paetongtarn était accompagnée de son mari Pidok Sooksawas, de sa sœur Pintongta, de son frère Panthongtae et de son épouse Natthiya. L’avocat de Thaksin, Winyat Chatmontree, était également présent.
Un mini-marché avait été installé, proposant nourriture et artisanat réalisés par les détenus. « Pour un instant, j’ai eu l’impression de redevenir la petite Paetongtarn, marchant main dans la main avec mon père et mes frères et sœurs », a-t-elle écrit. Elle a assuré que son père allait bien et qu’il envoyait ses salutations à ceux qui s’inquiètent pour lui. Interrogée sur les inondations meurtrières dans le sud du pays, elle a simplement répondu : « Oui, il est inquiet. »
Thaksin, 76 ans, avait regagné la Thaïlande en août 2023 après des années d’exil. Condamné initialement à huit ans de prison pour abus de pouvoir et conflits d’intérêts durant son mandat (2001-2006), il a bénéficié d’une grâce royale ramenant sa peine à un an. La Cour suprême avait jugé son séjour prolongé dans une chambre VIP d’hôpital « inapproprié », ordonnant son incarcération, a posteriori.
Mais au-delà de la dimension familiale, l’ancien chef du gouvernement reste au cœur d’un lourd dossier financier. Le Département des impôts poursuit ses investigations pour récupérer une dette fiscale estimée à 17,6 milliards de bahts (près de 450 millions d’euros), liée à la vente controversée des actions de Shin Corp à Temasek en 2007. La Cour suprême a récemment rejeté sa tentative d’annuler l’évaluation fiscale, ouvrant la voie à des saisies d’actifs, voire à une procédure de faillite, si ses biens ne suffisent pas.
Entre clichés familiaux et affaires judiciaires, Thaksin attire encore l’attention. Pourtant, de nombreux observateurs estiment que son aura s’étiole, symbole d’une époque où la “cancel culture” impose sa logique d’exclusion. Les ultraconservateurs qui « tiennent » la Thaïlande semblent sur le point « d’effacer » les Shinawatra.



