
La relation entre le vice-Premier ministre Thammanat Prompao et l’activiste ultranationaliste Guntouch “Gun Jompalang” Pongpaiboonwet soulève de vives interrogations sur la transparence et l’usage des ressources publiques en Thaïlande. Au centre des critiques : la fondation « Gun Jompalang Chuai Su », dont les actifs, en cas de dissolution, doivent être transférés à la fondation de Thammanat — une clause qui alimente les soupçons de collusion.
Guntouch “Gun Jompalang” Pongpaiboonwet, influenceur ultranationaliste thaïlandais, est connu pour ses actions provocatrices à la frontière thaï-cambodgienne. Il a organisé des diffusions sonores agressives — bruits stridents, sons fantomatiques amplifiés par haut-parleurs — visant les communautés cambodgiennes vivant dans les villages frontaliers. Ces actions ont suscité de nombreuses critiques.
Thammanat Prompao, aujourd’hui vice-Premier ministre, est une figure controversée. Il a été condamné en Australie dans les années 1990 pour trafic de drogue et aurait purgé une peine de six ans de prison. Son nom a été cité récemment comme étant lié aux Centres d’appels.
Bien que Guntouch soit le visage public de la fondation « Gun Jompalang Chuai Su », il n’en est pas membre officiel du conseil d’administration, ce qui lui interdit légalement de modifier les bénéficiaires des actifs. Pourtant, il a annoncé vouloir transférer ces fonds à une autre fondation sous patronage royal, avant de se rétracter sans justification claire. Selon l’avocat Noraset Nanongtoom, seul le conseil peut approuver un tel changement, à la majorité qualifiée.
L’avocat Decha Kittivittayanan va plus loin, évoquant un possible montage de façade. Il dénonce une gestion opaque, des membres du conseil inactifs, et un contrôle exercé par des personnes extérieures — notamment Guntouch, qui semble diriger les opérations sans en assumer la responsabilité légale. Il compare cette structure à des « fondations proxy » utilisées pour détourner des fonds ou éviter l’impôt.
Les soupçons s’étendent aux finances : retraits suspects, achats d’équipements à prix douteux, et train de vie luxueux de Guntouch, qui posséderait plusieurs voitures de sport et aurait accès à des milliers de billets de loterie. Decha appelle les autorités fiscales et policières à enquêter.
Thammanat, de son côté, nie toute implication personnelle ou financière. Il affirme que les projets du ministère de l’Agriculture, qu’il dirigeait, sont transparents et répondent à des urgences. Pourtant, sous son mandat, la fondation de Guntouch a obtenu plusieurs contrats publics, souvent sans appel d’offres, ce qui alimente les accusations de favoritisme.
L’utilisation présumée d’un hélicoptère public par Guntouch, pour des opérations controversées à la frontière thaï-cambodgienne, ajoute à la controverse. Tandis que Thammanat rejette toute responsabilité, des députés demandent des comptes sur l’accès de l’influenceur à des ressources étatiques.



