
Les relations entre Washington et Bangkok connaissent un nouveau coup de froid. Les États-Unis ont annoncé la suspension temporaire des discussions sur un accord commercial et fiscal bilatéral avec la Thaïlande. En cause : la décision de Bangkok de se retirer du plan sur la sécurité frontalière avec le Cambodge. La décision américaine a été confirmée par le ministère thaïlandais des Affaires étrangères, à l’issue d’un point presse animé par son porte-parole, Nikorndej Balankura. Plus tôt dans la semaine, le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul avait annoncé que la Thaïlande se retirait du plan de paix et cessait toute discussion avec le Cambodge.
La décision américaine fait suite à un échange téléphonique entre Anutin et le président américain Donald Trump, auquel participait également le ministre thaïlandais des Affaires étrangères. Anutin a profité de l’appel pour informer Washington de la recrudescence des tensions le long de la frontière avec le Cambodge. Selon Bangkok, de nouvelles mines antipersonnel auraient été posées récemment, provoquant de graves blessures chez des soldats. La Thaïlande demande que 13 zones frontalières déjà identifiées soient ouvertes afin de permettre des opérations de déminage sécurisées, sous supervision d’observateurs de l’ASEAN.
Donald Trump aurait exprimé sa compréhension, tout en précisant que les États-Unis ne souhaitent pas s’immiscer directement dans le règlement du différend bilatéral. Dans la foulée, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, actuel président de l’ASEAN, a été sollicité pour faciliter le processus de paix. La priorité affichée reste la sécurité des civils et l’élimination des mines.
Sur le plan économique, la suspension des négociations commerciales est perçue comme une pression diplomatique. Un représentant au commerce des États-Unis a indiqué que les discussions pourraient reprendre une fois la Thaïlande officiellement engagée dans la déclaration commune. Bangkok regrette cette décision, estimant que les dossiers de sécurité et de commerce doivent rester distincts. Le gouvernement thaïlandais affirme vouloir poursuivre ses efforts pour élargir ses accords de libre-échange, tout en maintenant la sécurité nationale comme priorité.
Le porte-parole gouvernemental Siripong Angkasakulkiat a exprimé la déception de Bangkok, rappelant que les différends frontaliers avec le Cambodge relèvent d’un cadre bilatéral et ne devraient pas interférer avec les négociations commerciales. Il a toutefois salué la compréhension américaine et réaffirmé la volonté de coopérer sur d’autres dossiers régionaux.
Par ailleurs, l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères Russ Jalichandra a pointé du doigt les déclarations récentes du Premier ministre Anutin Charnvirakul. Ce dernier avait publiquement défié Donald Trump sur la question des tarifs douaniers, affirmant que la Thaïlande trouverait d’autres partenaires commerciaux si nécessaire. Pour Russ, ces propos agressifs ont fragilisé la relation avec Washington et nuisent aux intérêts nationaux.
En arrière-plan, Bangkok cherche à jouer sur deux tableaux : affirmer sa souveraineté face au Cambodge tout en consolidant ses relations économiques avec Washington. Mais l’argument de la souveraineté apparaît davantage comme un prétexte, puisque le Cambodge n’a jamais manifesté l’intention de s’approprier des territoires thaïlandais. L’agressivité d’Anutin ressemble à un argument électoral.
Cependant, dimanche matin, il a été annoncé que la Thaïlande aurait réussi à faire valoir son point de vue auprès de Donald Trump. Le royaume a confirmé la reprise des négociations commerciales avec les États-Unis, en précisant qu’elles resteront distinctes des tensions frontalières avec le Cambodge.



