Le chef de la police promet des peines de prison et des amendes pour qui importera un livre qui n’a pas encore été publié
Un livre sur la monarchie édité par l’universitaire en exil Pavin Chatchavalpongpun a été interdit en Thaïlande pour diffamation de l’institution royale, selon un communiqué de la police publié vendredi dans la Gazette royale.
Il s’agit donc d’une annonce tout à fait officiel que les médias se doivent de répercuter afin que leurs lecteurs ne commettent pas d’actes répréhensibles.
Il semble que le contenu et la couverture fasse référence au roi actuel.
L’ouvrage est insultant, diffamatoire voire tout simplement méchant envers le roi, la reine, l’héritier présomptif. Le livre menace la sécurité nationale, la paix et l’ordre ou la moralité publique. .
L’annonce a été signée Pol Gen Damrongsak Kittiprapas, le chef de la police nationale, le 19 juin, selon la Royal Gazette. Il cite l’article 10 de la loi sur l’édition.
Quiconque importe le livre en Thaïlande est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 3 ans et/ou d’une amende pouvant aller jusqu’à 60 000 bahts. Le chef de la police a le pouvoir de détruire le livre, a indiqué l’annonce, qui prend effet immédiatement.
« Mon livre a été interdit alors que personne ne l’a lu », a écrit M. Pavin sur sa page Facebook. « Il sera sur les étagères aux États-Unis en octobre et une version électronique sera également disponible. »
Le livre devrait être publié par le Council on Southeast Asia Studies de l’Université de Yale aux États-Unis, dans le cadre de sa série de publications monographiques sur l’Asie du Sud-Est.
M. Pavin, 52 ans, est professeur à l’Université de Kyoto et rédacteur en chef de la Kyoto Review of Southeast Asia, publiée par le Centre d’études sur l’Asie du Sud-Est de l’école.
Il a travaillé pour le ministère thaïlandais des Affaires étrangères pendant 13 ans avant de devenir universitaire en sciences politiques. Il critique le « régime » thaïlandais et pousse à la réforme de la loi de lèse-majesté.
Il a déménagé au Japon en 2012 pour prendre ses fonctions à l’Université de Kyoto, mais a continué à commenter régulièrement les affaires thaïlandaises pour des publications internationales.
Après le coup d’État militaire de 2014, il a reçu l’ordre de se présenter aux autorités, mais il a refusé. La junte de Prayut a par la suite émis un mandat d’arrêt contre M. Pavin, mais il a refusé de revenir en Thaïlande et vit depuis à l’étranger.
Un effet Streisand est possible pour cette modeste publication universitaire. L’effet Streisand désigne un phénomène médiatique involontaire. Il se produit lorsqu’en voulant empêcher la divulgation d’une information on en fasse la publicité, ici d’une petite monographie qui serait restée anonyme..
