
Un haut gradé de la police métropolitaine de Bangkok a été révoqué ce 28 octobre après son arrestation pour implication présumée dans un réseau de centres d’appels frauduleux. L’affaire, révélée par les médias thaïlandais Naewna (proche de la police) et Amarin TV, met en lumière l’ampleur des réseaux cybercriminels en Thaïlande et les soupçons de collusion au sein même des forces de l’ordre.
Le lieutenant-général Sayam Boonsom, chef du Bureau de la police métropolitaine, et le général Kiattikul Sonthinet, commandant de la Division 2, ont mis en place une commission d’enquête interne. Des sanctions disciplinaires sévères sont attendues contre l’officier Phasinkanokphanan X.
L’enquête a débuté en mai, après la plainte d’une femme escroquée via une fausse plateforme de trading en ligne. Après avoir pu retirer ses premiers gains, elle a investi plus de 1,2 million de bahts avant de se rendre compte qu’elle ne pouvait plus récupérer son argent.
Les investigations ont conduit à l’émission de 24 mandats d’arrêt, dont 16 ont déjà abouti à des interpellations. Les autorités ont saisi neuf véhicules, 48 sacs et bijoux de luxe, près de 300 000 bahts en espèces, 23 téléphones et appareils électroniques, ainsi que 92 livrets bancaires et cartes ATM, pour une valeur totale dépassant les 21 millions de bahts.
Le 7 octobre, des perquisitions ont été menées à Bangkok et dans la province d’Udon Thani. L’officier incriminé a été retrouvé sur l’un des sites. Lors de son interrogatoire, il a reconnu avoir agi comme « consultant » pour une société liée à un proche, qui ouvrait des comptes bancaires grâce à des prête-noms. Il aurait perçu un salaire mensuel à sept chiffres. D’autres membres de sa famille travaillaient également pour cette entreprise. S’il a été libéré sous caution, ses proches arrêtés en même temps ont vu leur demande de libération rejetée.
Cette affaire relance le débat sur la lutte contre les arnaques numériques en Thaïlande. Le chef de l’opposition, Natthaphong Ruengpanyawut, a critiqué la lenteur du gouvernement et appelé à une coopération internationale renforcée pour démanteler ces réseaux transnationaux. Il exhorte le Premier ministre à agir sans attendre, à créer une agence centrale de coordination et à garantir la transparence dans les enquêtes, alors que des soupçons pèsent sur des figures politiques de haut rang.
De son côté, la police thaïlandaise renforce sa stratégie contre les escroqueries numériques, avec une approche axée sur les données et l’intelligence artificielle. Sous la direction du général Jirabhop Bhuridej, les enquêteurs suivent les flux financiers pour identifier les réseaux criminels et bloquer les comptes suspects. La police collabore en temps réel avec banques et plateformes numériques. Des campagnes de prévention ciblent les jeunes, tandis que des accords régionaux, notamment avec le Cambodge, visent à démanteler les réseaux transfrontaliers. L’objectif : anticiper les crimes plutôt que les subir.



