Move Forward (gauche) arrivé en tête est exclu du pouvoir et Pheu Thai (gauche très modérée) modifie son idéologie pour coller au sénat, complaire au régime et favoriser le retour de Thaksin, donc virer à droite.
Le parti Pheu Thai bricole un gouvernement de 302 sièges sans le parti Move Forward (MFP) et nommera le magnat de l’immobilier Srettha Thavisin au poste de Premier ministre lors du prochain tour de scrutin prévu ce vendredi, selon des sources, rapporte le Bangkok Post, Thainewsroom et autres.
La coalition dirigée par le Pheu Thai comprend 10 partis dont cinq nouveaux partenaires – Bhumjaithai, le Palang Pracharath (PPRP) du putschiste Prawit, le parti démocrate qui a fait tiré sur la foule de chemises rouges (Pheu Thai), le parti Chartthaipattana et le parti Chartpattanakla, ont indiqué les sources. Les quatre autres sont Prachachat, Pheu Thai Ruam Palang, Seri Ruam Thai et Plung Sungkom Mai, qui font déjà partie du bloc des huit partis formé peu après les élections générales du 14 mai.
Les poids lourds du MFP seraient opposés à cette évolution, et le parti n’a pas à voter pour le candidat Premier ministre du Pheu Thai s’il est poussé dans l’opposition, selon les sources.
Le MFP estime également que si le Pheu Thai décide de faire venir l’un des partis des « oncles » (petit nom pour putschistes), le parti devra faire face aux conséquences de sa décision, ont indiqué les sources. Sous entendu, le mécontentement des électeurs.
Selon les sources, le Pheu Thai a conclu des accords avec le PPRP et le Parti démocrate dans lesquels les deux partis obtiendront chacun cinq et trois sièges au cabinet.
Le général Prawit ne siégera pas au cabinet, mais son jeune frère et ancien chef de la police nationale, le général Pol Patcharawat Wongsuwon, fera partie du cabinet. Pol Gen Patcharawat, qui est connu pour avoir des liens avec le Pheu Thai, a été nommé conseiller en chef du PPRP le week-end dernier dans ce qui est largement considéré comme une initiative visant à ouvrir la voie au PPRP vers le gouvernement dirigé par le Pheu Thai.
Le nouveau secrétaire général du PPRP, le Capt Thamanat Prompow (condamné à 4 ans de prison en Australie pour trafic de drogue), le chef adjoint Chaiwut Thanakamanusorn et le député de Kamphaeng Phet Pai Lik sont pressentis pour faire partie du cabinet. La nomination de Thamanat pourrait décrédibiliser tout le cabinet.
Le député démocrate de Songkhla Dech-it Khaothong devrait devenir vice-Premier ministre et ministre de l’Agriculture, et le député démocrate de Nakhon Si Thammarat Chaichana Dejdecho devrait devenir vice-ministre de l’Intérieur. M. Dech-it a assuré au Pheu Thai que son groupe avait le soutien de 19 députés et s’est dit convaincu que la nouvelle direction du parti ne s’opposerait pas à cette décision, selon les sources.
Selon les sources, l’UTN (Prayut) n’a pas été approché pour rejoindre le bloc afin d’éviter une forte résistance de la part des partisans du Pheu Thai et de ses partenaires actuels – le Parti Thai Sang Thai entre autres.
« Cette formule a été inventée pour amener le Sénat à voter pour le candidat du Pheu Thai », a déclaré l’une des sources.
Si le Pheu Thai réussit, le camp de l’opposition disposera de 198 sièges.
Un chef du Pheu Thai, Phumtham Wechayachai, a déclaré hier que les partenaires de la coalition à huit partis se réuniront pour rendre compte des discussions que son parti a eues avec députés et sénateurs. Il a déclaré que ces personnes sont restés fermes sur le fait qu’ils ne voteront pour le candidat Pheu Thai que si le MFP est exclu de la coalition.
Le député Pheu Thai, Noppadon Pattama, a déclaré que le pays ne pouvait pas attendre 10 mois l’expiration du mandat Sénat nommé par l’armée avant de choisir le Premier ministre, comme certains l’ont suggéré.
Selon M. Noppadon, le parti devrait nommer M. Srettha au poste de Premier ministre, et il devrait informer ses députés de sa décision jeudi.
Pendant ce temps, le président du Parlement Wan Muhamad Noor Matha a déclaré que l’ordre du jour de la réunion de vendredi reste inchangé, la sélection du Premier ministre étant le premier point à l’ordre du jour et la proposition d’amendement de l’article 272 à suivre.
Si le vote du Premier ministre ne peut pas avoir lieu, la réunion du Parlement examinera l’amendement proposé à la charte visant à supprimer le pouvoir du Sénat de co-sélectionner le Premier ministre, a-t-il ajouté.
La Cour constitutionnelle se réunira jeudi pour décider si elle accepte une requête de Move Forward concernant la sélection du Premier ministre. La décision du tribunal décidera de l’agenda du lendemain mais nul doute que la Cour renverra le MF à ses chères études.
LE BHUMJAITHAI, dirigé par le chef du parti de facto Newin Chidchob et officiellement par Anutin, devient ainsi partenaire de la coalition dirigée par le Pheu Thai pour voter Srettha Thavisin pour le poste de Premier ministre vendredi.
A ce stade le Move Forward souhaite rester dans le cadre d’un gouvernement de coalition dirigé par Pheu Thai sans aucun «oncle» putschiste et rappelle que 25 millions d’électeurs ont voté contre la droite lors des élections du 14 mai.
Inclure le très royaliste et conservateur Parti démocrate, l’opportuniste Bumjaithai dont le chef est le très monarchiste Anutin et le parti d’un oncle putschiste (Prawit) est clairement une trahison du vote populaire dont le Pheu Thai pourrait se mordre les doigts même si cela permet le retour de Thaksin, encore adulé par les plus âgés mais dont les jeunes n’ont que faire.
Le professeur à Chula, Ponson Liengboonlertchai, suggère aux sénateurs qui ont dit qu’ils ne voteraient peut-être pas pour le candidat du Pheu Thai Srettha Thavisin parce que dans le passé il était pour la modification de la loi de lèse-majesté, qu’ils devraient former leur propre parti afin de nommer le premier ministre qu’ils veulent. En outre, il a demandé si l’un de ces sénateurs souhaitait devenir Premier ministre lui-même afin que le pays puisse prospérer dans la paix.
L’activiste anti-coup d’État Sombat Boonngamanong a déclaré que l’establishment conservateur tentait de semer la désunion, avec succès, parmi les partisans progressistes en créant une division entre les partisans du Pheu Thai et de Move Forward. Il a déclaré que les manifestations qu’il a menées ces dernières semaines visaient la constitution rédigée par la junte, les sénateurs nommés par la junte et les institutions « indépendantes » nommées par la junte, et non le parti Pheu Thai. Sombat a déclaré que les actions de certains manifestants ne peuvent pas être utilisées pour justifier les bisbilles entre les deux partis.
Sondhi Limthongkul, l’ancien chef de l’Alliance populaire pour la démocratie, suggère qu’un coup d’État militaire est le seul moyen d’empêcher le parti Move Forward de gagner les prochaines élections. Il a également déclaré que si la Cour constitutionnelle interdit Pita ou dissout le MFP, ils gagneront encore plus de voix avec un nouveau parti. Il affirme qu’avec l’accord du Pheu Thai – Palang Pracharath, le MFP obtiendra encore plus de voix en se distanciant des partis soutenus par la junte. Il a déclaré que puisque le MFP domine déjà les circonscriptions de Bangkok, il soutient qu’un coup d’État est nécessaire pour les empêcher d’obtenir plus de 300 députés lors des prochaines élections. Il a sans doute raison et sera peut-être entendu par l’armée. La question est de savoir quand sera fomenté le prochain coup d’état.
Pour mémoire Sondhi Limthongkul, royaliste et chemise jaune convaincu a été condamné plusieurs fois par la justice pour faillite frauduleuse, corruption et autres qui auront coûté des milliards de bahts aux contribuables thaïlandais.
Le conflit politique en cours est en partie causé par le pouvoir du Sénat nommé par la junte de voter pour un Premier ministre, a déclaré l’ancien Premier ministre Anand Panyarachun ce week-end. Anand est un vieux sage respecté qui a été nommé premier ministre apolitique par le roi Rama IX dans les années 90 après un massacre réalisé par l’armée.
Il a dit qu’il est tout à fait anormal que des fonctionnaires nommés possèdent un tel pouvoir, et il pense que les sénateurs sont utilisés comme un outil pour entraver la volonté du peuple, ce qui conduit à un conflit insoluble pour le moment. Il a souligné l’importance pour la société de reconnaître les causes profondes des problèmes actuels afin de les résoudre de toute urgence.
Anand parle de conflit insoluble et ce n’est pas la coalition de droite qui va pouvoir les résoudre. La bande Anutin – Prawit – démocrates est détestée par la population. Srettha devra être très habile pour faire oublier la trahison de Pheu Thai dont d’un des buts est de permettre un retour confortable de Thaksin au détriment de ses électeurs.
Le caricaturiste du Matichon ironise sur les marionnettes de Prawit.
