Numéros des 5 principaux partis. Attention, les numéros ne sont pas mêmes pour le scrutin de circonscriptions et le scrutin proportionnel.
Bangkok – La campagne électorale prend forme. Dimanche 28 décembre, pas moins de 52 partis politiques ont déposé leurs listes de candidats et leurs prétendants au poste de Premier ministre auprès de la Commission électorale (EC), au complexe gouvernemental de Laksi, à Bangkok. Un chiffre en hausse par rapport aux 47 formations présentes lors du scrutin de 2023.
Anutin en première ligne
Le Premier ministre par intérim Anutin Charnvirakul, chef du parti Bhumjaithai, a confirmé sa candidature ainsi que celle du ministre des Affaires étrangères, Sihasak Phuangketkeow. Selon lui, son parti se prépare au scrutin depuis juin et n’entend pas modifier l’article 112 du Code pénal, la loi sur le crime de lèse-majesté, sujet hautement sensible dans le débat politique thaïlandais.
La riposte du People’s Party
De son côté, Natthaphong Ruengpanyawut, leader du People’s Party, a rappelé que cette question ne devait pas être instrumentalisée durant la campagne. Son parti, qui a accueilli plusieurs anciens députés du Move Forward Party après sa dissolution par la justice, présente trois candidats au poste de Premier ministre. Natthaphong a précisé que ses élus ne soutiendraient aucun candidat issu du Bhumjaithai, malgré un appui ponctuel accordé à Anutin après la chute du gouvernement Pheu Thai.
Une mécanique bien huilée
La première journée d’enregistrement s’est déroulée sans incident. Tous les partis ont remis leurs documents avant 8h30, puis participé au tirage au sort des numéros de liste. Au total, 32 partis ont présenté 68 candidats au poste de Premier ministre. L’enregistrement se poursuit jusqu’au 31 décembre, tandis que les candidatures pour les circonscriptions ont déjà attiré plus de 3 000 prétendants.
Le futur Parlement comptera 400 députés de circonscription et 100 élus sur liste nationale « à la proportionnelle ». L’EC a également exigé que chaque parti soumette son programme détaillé, avec des explications sur le financement des mesures proposées. Un comité d’experts – incluant le ministère des Finances, la Banque de Thaïlande et la Chambre de commerce – passera ces politiques au crible, conformément à l’article 57 de la loi sur les partis politiques.
Transparence et défis logistiques
La Commission électorale prévoit de publier un manuel des politiques et de l’envoyer à 19 millions de foyers. Elle se dit confiante dans sa capacité à organiser le scrutin sur tout le territoire, tout en surveillant la situation à la frontière thaïlando-cambodgienne. En cas de tensions, certains bureaux de vote pourraient être limités.
Pour les électeurs à l’étranger, les bulletins seront rapatriés en Thaïlande pour le dépouillement, tandis que ceux du référendum constitutionnel seront comptés directement dans les ambassades. Les Thaïlandais devront en effet répondre à une double question : choisir leurs représentants et dire s’ils souhaitent la rédaction d’une nouvelle Constitution.
Un scrutin à haut risque politique, où la multiplication des partis et des candidats reflète l’effervescence qui confine au désordre, mais aussi les fractures persistantes du paysage thaïlandais.



