
L’enquête du Département des enquêtes spéciales (DSI) a révélé l’implication de 70 fonctionnaires dans des ententes frauduleuses liées à la construction du bâtiment de la Cour des comptes (SAO). Parmi eux figure Monthian Charoenphon, l’actuel vérificateur général. L’affaire a débuté par une enquête sur China Railway No. 10 (Thaïlande), qui aurait utilisé des prête-noms thaïlandais pour contourner la loi sur les entreprises étrangères. Cette investigation a mis en lumière des irrégularités dans les contrats de conception, construction et supervision du bâtiment.
Les dirigeants du SAO auraient favorisé certaines entreprises en manipulant les appels d’offres. La coentreprise PKW, regroupant PN Synchronize, KP Consultants et W. & Associates, aurait contourné les règles et falsifié des documents pour obtenir des contrats. Le DSI a découvert que PN Synchronize était la seule entreprise à soumettre une offre, tandis que deux autres du même groupe ont bénéficié de dérogations spéciales.
L’effondrement du bâtiment, survenu lors du séisme de magnitude 7,7 au Myanmar le 28 mars 2025, a causé la mort de 89 ouvriers, avec sept disparus. L’immeuble de 30 étages, d’une valeur de 2,1 milliards de bahts, fut le seul gratte-ciel de Bangkok à s’effondrer. L’absence d’inspection de construction a été identifiée comme un facteur clé du drame.
Le DSI a transmis ses conclusions à la Commission nationale anticorruption (NACC), qui doit déterminer si le processus d’appel d’offres a été délibérément truqué. Une pétition visant à destituer Monthian Charoenphon pour négligence recueille actuellement 30 000 signatures. Les autorités qui ont promis une enquête approfondie examinent également un système de coercition qui aurait forcé des ministères à attribuer des contrats sous la menace d’inspections de représailles. L’ancien vice-Premier ministre Plodprasop Suraswadi laisse entendre qu’une « agence anonyme » plus puissante que les ministères aurait intimidé les hauts fonctionnaires.