
Capture d'écran du reportage de TF1, ici en Birmanie
Longtemps considérée comme un simple point de transit pour les réseaux criminels opérant en Asie du Sud-Est, la Thaïlande semble aujourd’hui décidée à affronter une menace devenue mondiale : la cybercriminalité organisée. Le témoignage poignant de six victimes, dont un mineur, accompagnées par la Fondation Immanuel pour déposer plainte au nom de 128 personnes exploitées dans des centres d’escroquerie au Cambodge, a mis en lumière l’ampleur du phénomène. Attirées par de fausses offres d’emploi sur les réseaux sociaux, ces victimes ont été contraintes d’ouvrir des comptes bancaires utilisés pour le blanchiment d’argent, avant d’être transférées de force à Poipet, où elles ont subi violences et pressions psychologiques.
Le même jour, les autorités thaïlandaises ont lancé une vaste opération contre les réseaux de jeux d’argent en ligne et les comptes mules, avec plus de 17 milliards de bahts de chiffre d’affaires annuel en jeu. Cinquante-deux suspects ont été arrêtés, révélant l’implication de groupes transnationaux opérant depuis l’étranger.
Sur le plan diplomatique, la Thaïlande a porté la question devant l’Union interparlementaire à Genève, proposant un point d’urgence sur la lutte contre la cybercriminalité transfrontalière. Soutenue par plusieurs pays de la région, cette initiative a toutefois rencontré l’opposition de la Chine et du Cambodge, qui ont contesté certains termes jugés trop sensibles, notamment “travail forcé”. Les tensions se sont même matérialisées dans l’agencement des sièges entre délégations, illustrant la nervosité ambiante.
Face à ces enjeux, le Premier ministre Anutin Charnvirakul a réaffirmé son engagement à faire de la lutte contre les escroqueries une priorité nationale et internationale. Trente-sept arrestations ont été réalisées dès la première semaine de son mandat, et un comité inter-agences sera mis en place pour coordonner les efforts. Il a également ordonné une enquête sur des rumeurs impliquant des politiciens thaïlandais dans des réseaux cambodgiens, tout en appelant à la prudence face aux fausses informations.
La Thaïlande, longtemps passive, voire complice pour certains fonctionnaires, semble enfin vouloir assumer son rôle dans la lutte contre un fléau qui dépasse ses frontières. Le fait que les mafias viennent de Chine complique l’équation. En effet, si le gouvernement chinois ne soutient pas ces criminels, il ne supporte pas qu’on précise toujours qu’ils sont chinois.