
Le patron du Pheu Thai, Thaksin Shinawatra, a reçu un avertissement. Il ne doit pas « surestimer » ses pouvoirs politiques dans les coulisses, selon un ancien chef du parti au pouvoir.
L’ex secrétaire général du Conseil de sécurité nationale, Paradorn Pattanatabut, auparavant cadre du Pheu Thai, a déclaré que des « anonymes » du régime (armée et autres qui continuent de diriger la Thaïlande) demande sérieusement au patron du Pheu Thai, de ne jamais « franchir la ligne » et de rester à sa place, bien derrière le régime. Ce régime tient la justice, le conseil constitutionnel, la commission électorale, la cour suprême pour les hommes politiques et peut donc condamner n’importe qui n’importe quand.
Paradorn explique ceci à Thaksin au moment où 40 sénateurs demandent à la Cour constitutionnelle d’envisager de destituer le Premier ministre Srettha Thavisin, au sujet de la nomination du ministre, Pichit Chuenban, un corrupteur patenté et ami très proche de Thaksin , qui a finalement démissionné sous la pression mardi 21 mai.
Pichit est un ancien avocat de Thaksin. Ce dernier aurait manipulé Srettha pour qu’il soit nommé ministre sans portefeuille lors de la composition du cabinet du 30 avril. C’était à l’évidence une grave faute politique mais c’est Srettha qui n’y est pour rien qui pourrait payer les pots cassés par Thaksin.
Mêmes Si la requête en impeachment est acceptée par la Cour constitutionnelle ce jeudi, Srettha pourrait échapper à une suspension immédiate de ses fonctions officielles ordonnée par le tribunal, en attendant une décision de justice à ce sujet. La gifle serait donnée à Thaksin qui a tendu la joue et non à Srettha.
Aux yeux du régime, Thaksin a été tenu entièrement responsable de la violation de la constitution et du code d’éthique politique dont Srettha et Pichit sont accusés selon l’ancien responsable du Pheu Thai. .
Ensuite, il reste à voir si le 29 mai le bureau du procureur général poursuivra le procès pour lèse-majesté, longtemps retardé contre Thaksin, ou s’il l’abandonnera. Le procureur devait l’abandonner en vertu des accords passés entre Thaksin et le régime. Mais si Thaksin ne respecte pas les termes de l’accord, il devra en subir les conséquences.
Thaksin aurait évoqué la monarchie lors de son entretien avec une agence de presse de Séoul en 2015, ce qui est un crime de lèse-majesté en Thailande. Il avait parlé de la monarchie au premier anniversaire du coup d’État orchestré par Prayut Chan-o-cha.
Thaksin aurait joué un rôle déterminant dans les coulisses au moment de la mise en place du gouvernement de coalition dirigé par Pheu Thai, de la répartition des portefeuilles ministériels entre les partenaires de la coalition et de la nomination des membres du cabinet rattachés à Pheu Thai.
Paradorn a confirmé que le patron de facto de Pheu Thai avait conclu un « accord secret » avec le « régime » avant de rentrer chez lui après 17 ans d’exil à l’étranger en août dernier.
Grâce à cet « accord secret », Thaksin n’a jamais passé un seul jour derrière les barreaux malgré sa condamnation. Au lieu de cela, il a bénéficié du confortable hôpital de police.
À la fin d’une période de six mois à l’hôpital, Thaksin a été libéré « en conditionnelle » sans bracelet à la cheville et est retourné chez lui à Thonburi, où il aurait continué à jouer un rôle central en politique au grand dam du régime.
Que Thaksin reçoive l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen comme premier invité chez lui, se lance dans des pourparlers informels à Chiang Mai avec des représentants de groupes ethniques rebelles du Myanmar et avait mène des pourparlers secrets sur le Grand Sud de la Thaïlande avec le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim à Phuket a été considéré comme une provocation par le régime.
Le vrai gouvernement de la Thaïlande, celui de Srettha, de son côté, a laissé entrevoir une pointe d’agacement car les actions de Thaksin torpillent littéralement la diplomatie du royaume.
En s’agitant ainsi sur la scène internationale et en faisant nommer un ministre notoirement corrupteur en interne, Thaksin veut montrer qu’il est l’homme le plus puissant de Thailande. Il avait déjà agi ainsi en 2005 et un coup d’état l’a ramené à plus d’humilité l’année suivante.