
Le verdict est tombé ce vendredi à Bangkok : Ekkalak Paenoi, ancien militaire thaïlandais, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de Lim Kimya, figure de l’opposition cambodgienne, abattu en pleine rue, du quartier Khao San, le 7 janvier dernier. L’homme de 74 ans, également citoyen français, venait d’arriver dans la capitale thaïlandaise en bus, accompagné de son épouse, Anne-Marie Lim.
C’est elle qui a assisté, impuissante, à l’assassinat de son mari, abattu de trois balles alors qu’ils marchaient dans le quartier historique de Phra Nakhon. Présente tout au long du procès, Anne-Marie a livré un témoignage poignant, exprimant sa volonté de « connaître la raison » du crime. Son avocate, Nadthasiri Bergman, a salué le verdict tout en soulignant que la veuve « continue de se demander qui a commandité le meurtre ».
Le mobile reste flou. Le tribunal n’a donné aucun détail sur les motivations du tireur ni sur un éventuel commanditaire. Des figures de l’opposition cambodgienne pointent du doigt l’ancien Premier ministre Hun Sen, tandis que son fils, Hun Manet, aujourd’hui chef du gouvernement, a nié toute implication.
Le tireur, surnommé « Sergeant M », avait fui en direction du Cambodge juste après les faits. Il a été arrêté dès le lendemain grâce à une coopération entre les polices thaïlandaise et cambodgienne, puis extradé. Ancien marin au passé disciplinaire chargé, il travaillait comme moto-taxi à Bangkok avant le drame. Il a reconnu les faits dans une vidéo diffusée par la police.
Un deuxième suspect, un ressortissant cambodgien arrivé à Bangkok dans le même bus que Lim Kimya, est toujours recherché. La police thaïlandaise espère obtenir son extradition. Un troisième homme, accusé d’avoir conduit le tireur jusqu’à la frontière, a été relaxé.
Pour Anne-Marie Lim, le combat continue. Elle réclame justice complète et vérité sur les circonstances de l’assassinat de son mari, l’un des derniers opposants au régime cambodgien. « Ce n’est pas seulement un verdict, c’est une étape », a déclaré son avocate. « Il reste des zones d’ombre à éclaircir. »



