La crise diplomatique entre la Thaïlande et le Cambodge prend un nouveau tournant. Le vice-Premier ministre thaïlandais, Phumtham Wechayachai, agissant comme Premier ministre par intérim, a annoncé que Bangkok se préparait à engager des poursuites judiciaires contre le Cambodge, à la suite d’une réunion du Conseil de sécurité nationale.
La Police royale thaïlandaise a été mandatée pour recueillir les plaintes du public et des agences gouvernementales. Les dossiers seront ensuite transmis au Bureau du Procureur général, qui décidera des suites à donner, y compris la possibilité de viser des dirigeants cambodgiens comme Hun Sen ou le Premier ministre Hun Manet. Phumtham a précisé que les poursuites se feraient selon le droit thaïlandais, même si les accusés se trouvent à l’étranger. En cas d’entrée sur le territoire, ils pourraient être arrêtés.
La Thaïlande a également affirmé ne pas reconnaître la juridiction de la Cour internationale de Justice, excluant toute procédure internationale à ce stade.
La réaction cambodgienne ne s’est pas fait attendre. Sur Facebook, Hun Sen a dénoncé une démarche « barbare » et « antidiplomatique », menaçant en retour d’arrêter des responsables thaïlandais accusés d’avoir tué des citoyens cambodgiens. Il s’interroge sur les intentions réelles de Bangkok : rétablir la confiance ou raviver les tensions après le cessez-le-feu.
Dans ce climat tendu, le Cambodge a demandé le report des réunions du Comité régional des frontières (RBC) prévues du 21 au 27 août, invoquant un besoin de préparation. La session principale est désormais fixée au 27 août au poste frontière de Chong Sa-ngam.
Au cœur du litige : la zone de Ban Nong Chan à Sa Kaeo, que le Cambodge revendique partiellement. Selon l’armée thaïlandaise, cette zone est bien en Thaïlande et servait de refuge temporaire aux civils cambodgiens fuyant la guerre en 1977. Mais certaines communautés s’y sont installées durablement, ce que Bangkok considère comme une violation du protocole frontalier de 2000.
Le major-général Winthai Suvaree pointe deux problèmes : le déplacement contesté des bornes frontalières et la présence de réfugiés cambodgiens encouragée par Phnom Penh. Il appelle à des mécanismes bilatéraux pour résoudre ces différends.
La Thaïlande rejette toute médiation extérieure, qu’elle vienne de pays tiers ou d’organisations internationales, pour étudier le bornage de la frontière. Pendant ce temps, le Cambodge s’appuie sur les cartes officielles de 1907, tandis que Bangkok ne reconnaît que ses propres relevés. Résultat : un désaccord frontalier figé dans le temps, où chacun campe sur ses positions, et où ce conflit absurde pourrait bien s’éterniser encore des générations. D’autant que les dirigeants, Hun Sen et les nationalistes thaïlandais en tête, attisent une haine moyenâgeuse sur les réseaux sociaux.
