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La récente flambée du baht thaïlandais, qui a atteint 31,58 pour un dollar — son plus haut niveau en quatre ans — suscite de vives inquiétudes dans les milieux économiques et politiques. Cette appréciation est principalement liée à l’affaiblissement du dollar américain, alimenté par les anticipations de baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale. Selon Kasikorn Research Center, le baht s’est renforcé de 7,7 % depuis le début de l’année, surpassant les autres devises régionales.
Les experts, comme Kanjana Chockpisansin de K-Research, soulignent que la stabilité politique intérieure retrouvée récemment et les flux massifs de capitaux étrangers dans les obligations thaïlandaises — près de 10 milliards de bahts en deux jours — ont contribué à cette dynamique. Toutefois, cette hausse inquiète les acteurs économiques. Wikij Tirawannarat de Bualuang Securities appelle les régulateurs à intervenir pour freiner le baht, afin de soutenir les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie. Nuttawut Wongyaowarak de Globlex Securities rappelle que si les importateurs profitent d’un baht fort, les exportateurs, pilier de l’économie thaïlandaise, en souffrent.
La Banque de Thaïlande se dit prête à intervenir pour limiter la volatilité et protéger les entreprises. Elle envisage aussi de réduire l’impact des prix de l’or sur le taux de change. En effet, la vente d’or en devises étrangères, puis sa conversion en baht, accentue la demande pour la monnaie locale. Poj Aramwattananont, président de la Chambre de commerce thaïlandaise, estime que cette appréciation ne reflète pas la réalité économique du pays et nuit à la compétitivité des secteurs clés : exportations, tourisme et agriculture.
Les flux de capitaux liés aux cryptomonnaies pourraient également jouer un rôle dans cette hausse. Des voix s’élèvent pour que la Banque centrale gère séparément le stock d’or national afin d’en mesurer l’impact réel sur la monnaie. Visit Limlurcha, président de l’Association thaïlandaise du commerce alimentaire, avertit que si le baht continue de s’apprécier, les exportateurs pourraient reporter leurs commandes, craignant une baisse de revenus. Une monnaie trop forte pourrait même annuler les gains attendus sur les exportations alimentaires, estimées à + 6 % avec un baht faible .
Parallèlement, une enquête menée par Dentsu révèle un pessimisme économique croissant en Thaïlande. 71 % des répondants estiment que l’économie est en difficulté, et 56 % prévoient une détérioration dans les 6 à 12 mois. La Genénération Z est particulièrement touchée par la précarité financière, bien qu’elle conserve une certaine confiance en l’avenir. Seuls 40 % des Thaïlandais peuvent couvrir toutes leurs dépenses mensuelles, contre 75 % en Chine. Les consommateurs privilégient les produits essentiels à prix réduit, tout en maintenant leurs dépenses liées à la santé et au bien-être.
Face à cette conjoncture, les experts recommandent aux marques de miser sur des offres segmentées, des programmes de fidélité et une communication empathique pour conserver la confiance des consommateurs.