BANGKOK – L’année 2025 restera gravée dans la mémoire des Thaïlandais comme celle de deux désastres majeurs : un puissant séisme ressenti jusque dans la capitale et une inondation historique qui a paralysé le Sud du pays.
Le séisme du 28 mars
À 13h20, un tremblement de terre de magnitude 7,7 survenu dans la région de Sagaing, au Myanmar, a secoué violemment Bangkok, pourtant située à plus de 1 000 kilomètres de l’épicentre. Les scientifiques ont expliqué que la rupture « supershear » combinée aux sols argileux profonds de la capitale avait amplifié les secousses, provoquant l’un des épisodes sismiques les plus intenses jamais enregistrés dans la ville. Une rupture supershear est une rupture sismique ultra‑rapide, qui provoque des secousses amplifiées, comparables à un « bang sismique ».
Si la plupart des bâtiments ont résisté, le drame s’est produit dans le district de Chatuchak : l’effondrement d’un immeuble de 30 étages en construction, celui du State Audit Office ou « Cour des comptes », a coûté la vie à une centaine d’ouvriers. L’enquête en cours s’intéresse à d’éventuelles malfaçons, à l’utilisation de matériaux de qualité inférieure ou à des pratiques de corruption. L’affaire a suscité une vive indignation et poussé le gouvernement à créer une commission spéciale, sans conclusions officielles pour l’instant.
La « Grande inondation du Sud »
Quelques mois plus tard, entre novembre et décembre, le Sud a été frappé par des pluies diluviennes liées au cyclone Senyar et au renforcement de la mousson du nord‑est. À Hat Yai, dans la province de Songkhla, il est tombé 335 mm de pluie en une seule journée, et 630 mm en trois jours, pulvérisant le précédent record de 2010.
La topographie en cuvette de la ville a aggravé la situation : le centre s’est retrouvé sous un à deux mètres d’eau, tandis que certains quartiers ont été engloutis sous cinq mètres. Au total, 12 provinces ont été touchées, plus de 270 morts recensés et des millions de vies bouleversées. Des dizaines de milliers de personnes ont été privées d’électricité et d’eau potable, leurs maisons, véhicules et élevages détruits.
Un lourd bilan économique et social
Au‑delà des pertes humaines, les catastrophes ont accentué les inégalités. Les agriculteurs, les ménages modestes et les personnes âgées ont été les plus durement touchés. Hat Yai doit désormais gérer plus d’un million de tonnes de débris. Les pertes économiques sont estimées à 12 milliards de bahts pour la ville, et jusqu’à 100 milliards pour la région.
Le tourisme a chuté, les PME croulent sous les dettes et la croissance nationale a ralenti à environ 2 %. 2025 restera donc comme une année où la Thaïlande a payé un lourd tribut aux forces de la nature, révélant sa vulnérabilité face aux risques sismiques et climatiques.
