
Le ministère thaïlandais de la Santé publique s’est engagé à réexaminer les règles encadrant le cannabis, après une mobilisation croissante du réseau « Writing Thailand’s Cannabis Future » (écrire l’avenir du cannabis en Thaïlande), qui accuse les autorités d’avoir étouffé un secteur en plein essor. Ce débat, loin d’être anecdotique, révèle des tensions politiques autour d’une plante devenue symbole de réforme… et de discorde.
Mercredi, les leaders du réseau — Prasitchai Nunuan et Chokwan Chopaka — ont rencontré de hauts responsables du ministère, dont le Dr Sakda Alapach, pour exiger un retour aux règles de 2022, lorsque l’actuel Premier ministre Anutin Charnvirakul était ministre de l’Intérieur. À l’époque, la vente de cannabis était autorisée sans ordonnance, via des boutiques enregistrées. Depuis, une annonce ministérielle de 2025 a reclassé le cannabis comme plante contrôlée, limitant sa distribution aux cliniques médicales agréées.
Pour les militants, cette décision — prise sous l’ancien ministre de la Santé Somsak Thepsutin, membre du parti Pheu Thai — a porté un coup fatal à l’industrie. Ils dénoncent une tentative de monopole qui pourrait faire passer le nombre de points de vente de 10 000 à seulement 100. Une mesure jugée injuste et économiquement destructrice, notamment pour les petits cultivateurs.
Autre point de friction : l’obligation de tests en laboratoire pour les fleurs de cannabis, même pour les producteurs déjà certifiés selon les normes GAP. Une exigence jugée redondante et coûteuse, qui pénalise les agriculteurs indépendants.
Le réseau demande également que le projet de loi sur le cannabis, longtemps retardé, soit enfin soumis au Parlement. Selon Prasitchai, le texte est prêt et n’attend qu’un feu vert politique. Il donne au gouvernement deux semaines pour agir, faute de quoi il portera l’affaire directement au Premier ministre, grand défenseur de la culture du cannabis.
Face aux critiques, le ministère a promis une révision participative des règles, confiée au Département de la médecine traditionnelle et alternative. Les conclusions seront transmises au ministre Pattana Promphat.
Au-delà du débat technique, cette controverse illustre les luttes d’influence entre anciens et nouveaux acteurs politiques, et la difficulté à concilier santé publique, libertés économiques et ambitions électorales. Le cannabis, plus qu’une plante, est devenu un marqueur politique.