
La dette des ménages thaïlandais atteint 16,42 billions de bahts (502 milliards de dollars), soit 88,4 % du PIB. Bien que son augmentation ralentisse, sa qualité se détériore. Les prêts en souffrance depuis plus de 90 jours ont atteint 1 220 milliards de bahts, et beaucoup de Thaïlandais ont du mal à rembourser leurs crédits.
Une des raisons de cet endettement est l’attrait pour les produits et services de luxe. Une enquête a révélé qu’un tiers des Thaïlandais dépensent régulièrement en articles haut de gamme pour améliorer leur statut social. Les hommes investissent dans la technologie et la mode, tandis que les femmes privilégient les cosmétiques et les soins de la peau. Le problème, c’est que près de la moitié des répondants n’ont qu’une épargne suffisante pour six mois, ce qui les rend vulnérables aux crises financières.
Un autre défi concerne les coopératives de crédit, qui ont prêté 1,3 billion de bahts en 2024. Beaucoup ne sont pas affiliées au bureau national de crédit, ce qui complique le suivi des dettes, de facto, quasi secrètes. Les fonctionnaires et agriculteurs, qui empruntent souvent via ces coopératives, sont particulièrement exposés au surendettement. Certains exemples, comme la coopérative des enseignants de Prachuap Khiri Khan, montrent que mieux intégrer ces institutions dans le système de crédit national peut favoriser une gestion plus responsable des finances.
Sur le marché du travail, l’agriculture embauche moins. Le chômage a baissé à 0,88 %, mais le sous-emploi et le chômage partiel ont augmenté. Les jeunes diplômés peinent à être embauchés, les entreprises jugeant leurs compétences insuffisantes.
Le Conseil national de développement économique et social, NESDC souligne trois défis majeurs.
D’abord, les PME thaïlandaises sont en retard en matière d’innovation et de technologie, menaçant leur compétitivité. L’accès au financement pour les mises à niveau numériques est crucial.
Ensuite, la protection des travailleurs reste insuffisante, de nombreux employés licenciés ne recevant pas leurs indemnités légales.
Enfin, le chômage des jeunes demeure un problème, avec 89 % des DRH hésitant à recruter de nouveaux diplômés, citant un manque de compétences et de professionnalisme.
D’ailleurs, le rapport révèle un décalage entre les attentes des employeurs et les qualifications des travailleurs. Les entreprises valorisent le travail d’équipe et la communication, mais les candidats n’ont pas été formés à ces compétences. Les universités ne préparent pas suffisamment les étudiants à ces exigences. Ainsi, en sortant des écoles professionnelles et des universités, les étudiants ne sont que peu formés dans leur spécialité et pas du tout dans les domaines du travail de groupe, de l’initiative et de la prise de responsabilité.
Selon le NESDC, des pays, comme Singapour et le Canada, investissent dans des programmes pour améliorer ces compétences. La Thaïlande devrait s’en inspirer en renforçant la collaboration entre le secteur éducatif et les entreprises pour mieux adapter la formation aux besoins du marché du travail. Sans ces ajustements, le surendettement et les difficultés d’emploi risquent de s’aggraver. En effet, les entreprises sont prêtes à offrir des salaires attractifs à des personnes bien formées et débrouillardes, mais elles restent rares en Thaïlande.
Le NESDC ne cesse de répéter que, si les gouvernements thaïlandais ne prennent pas conscience de l’importance de l’enseignement et de l’éducation, la Thaïlande restera bloquée dans le fameux « piège des pays à revenu intermédiaire ». Les politiques sont beaucoup plus intéressés par le creusement d’une tranchée à la frontière.