
Lors d’un débat budgétaire au Parlement, Chuan Leekpai, député du Parti Démocrate et ancien Premier ministre, a interpellé le gouvernement sur les disparités d’indemnisation entre les victimes des violences dans les provinces du Sud et celles du conflit frontalier thaïo-cambodgien. Il demande que les compensations soient alignées, dénonçant une injustice persistante.
Selon la résolution du cabinet concernant le conflit thaïo-cambodgien, les agents de l’État tués ou handicapés reçoivent jusqu’à 10 millions de bahts, tandis que les civils peuvent prétendre à 8 millions. Les blessés graves et modérés reçoivent respectivement 1 million et 500 000 bahts. Or, les victimes du Sud, confrontées à des risques similaires, perçoivent des montants bien inférieurs.
Chuan, 87 ans et élu de la province de Trang depuis 17 mandats, a rappelé que, depuis l’instauration de la politique de sécurité en avril 2001, plus de 8 000 personnes ont perdu la vie dans le Sud, et plus de 10 000 ont été blessées ou rendues invalides. Il estime que ces pertes humaines, causées par des politiques sécuritaires défaillantes, sont bien plus graves que les erreurs économiques, pourtant souvent mieux compensées.
Lors de ses visites sur le terrain, les victimes expriment systématiquement le besoin d’un soutien financier accru pour leurs familles. Chuan insiste : « L’unité nationale ne peut exister sans équité. Si le gouvernement veut rassembler, il doit cesser de discriminer ceux qui affrontent les mêmes dangers. »
En réponse, le vice-ministre des Finances, Julapun Amornvivat, a indiqué que plus de 300 millions de bahts ont déjà été débloqués pour les victimes du conflit frontalier. Concernant la demande de Chuan, il s’est engagé à la transmettre au cabinet, tout en précisant qu’il ne pouvait encore se prononcer.
Ce débat relance la question sensible du mépris dont fait preuve Bangkok vis-à-vis des musulmans vivant dans les provinces Sud du pays.