
Tachilek mercredi soir
Face à des critiques persistantes pour son inaction contre les mafias ou « gangs de centres d’appels » à la frontière birmane, le gouvernement thaïlandais a finalement décidé de couper l’électricité, internet et le carburant à cinq sites clés au Myanmar, à partir du 5 février. Cette mesure, approuvée par le Conseil de sécurité nationale, intervient sous la pression croissante de la Chine, inquiète de voir ses ressortissants victimes de traite des êtres humains et forcés à travailler dans ces centres. Les dommages financiers liés à ces escroqueries dépassent 86 milliards de bahts, avec des pertes quotidiennes moyennes de 80 millions de bahts.
La visite du vice-ministre chinois Liu Zhongyi a accéléré l’action thaïlandaise d’autant que la Première ministre Paetongtarn Shinawatra s’envolait le même 5 février pour la Chine, où elle risquait d’être mal reçue. La Chine a exigé l’interruption des services publics aux centres frauduleux, la libération de 3 000 à 5 000 travailleurs chinois détenus, la création d’un centre de coordination frontalier et l’arrestation de ressortissants chinois impliqués. La Thaïlande a souligné le respect de sa souveraineté, tout en envisageant une réunion trilatérale avec la Chine et le Myanmar.
Ces centres, dirigés par des groupes criminels chinois ou mafias, protégés par des organisations ethniques armées, sont des épicentres de cybercrimes, de blanchiment et de trafic. Des lieux comme Shwe Kokko (au nord de Mae Sot) et KK Park (face à Mae Sot) sont notoires pour l’exploitation de travailleurs. Malgré des années de controverse sur l’approvisionnement en électricité par la Thai Provincial Electricity Authority (PEA) — justifié par un accord de 1996 —, le ministère de l’Intérieur a longtemps invoqué un manque de mandat pour agir et rejeté les décisions sur d’autres ministres, dont Paetongtarn.
La PEA passait par des entreprises birmanes pour vendre son électricité : Allure à Ban Muang Daeng et à Tachileik, dans l’État de Shan; Mya Pan Investment au col des Trois Pagode dans l’État de Mon; Nyi Naung Oo Co et Enova Grid au 2e pont de l’amitié de Myawaddy et Shwe Myint Thoung Yinn à Ban Huay Maung, dans l’État de Karen.
Bien que les ventes d’électricité au Myanmar rapportent 800 millions de bahts annuels à la PEA, leur interruption a finalement été décidée, marquant un tournant après des mois d’hésitations bureaucratiques. Un groupe de travail thaïlandais cherche désormais à renforcer la sécurité frontalière et à normaliser les échanges, tout en luttant contre les activités illégales. La collaboration sino-thaïlandaise reste cruciale, bien que complexe, pour résoudre ce problème transnational.
Mercredi soir, il semble que les villes birmanes concernées étaient moins éclairées que d’habitude, mais cela devrait rentrer dans l’ordre pour les habitants assez rapidement, car les autorités birmanes se fourniront en électricité au Laos. Par ailleurs, les gangs utilisent des groupes électrogènes géants.
Ainsi, les activités mafieuses vont perdurer, mais la Thaïlande ne sera plus complice.
L’arrêt de la fourniture de carburant a entrainé des files d’attente importantes dans les stations-service birmanes.
Quant à Internet et, selon certaines sources ce jeudi, la Commission nationale de radiodiffusion et de télécommunication thaïlandaise (NBTC), n’est pas prête à couper l’accès à Internet (fourni par le gouvernement) aux mafias chinoises, car il n’y aurait aucune preuve que l’accès à Internet fourni par la Thaïlande est utilisé pour des activités illégales…