
Le Canada et les États-Unis ont proposé de réinstaller 48 Ouïghours détenus en Thaïlande depuis une décennie, mais Bangkok n’a pas agi par crainte de contrarier la Chine, qui a secrètement expulsé ces individus. La Thaïlande a justifié cette expulsion en affirmant avoir respecté les lois et obligations en matière de droits de l’homme, malgré les appels des experts de l’ONU.
Les groupes de défense des droits de l’homme accusent la Chine de graves abus envers les Ouïghours, une minorité musulmane du Xinjiang, ce que Pékin nie. Le vice-Premier ministre thaïlandais, Phumtham Wechayachai, a déclaré qu’aucun pays n’avait fait d’offre concrète pour réinstaller les Ouïghours, malgré des propositions des États-Unis, du Canada et potentiellement de l’Australie.
Les États-Unis ont travaillé avec la Thaïlande pour éviter cette situation, proposant à plusieurs reprises de réinstaller les Ouïghours. Le Canada a également offert l’asile, mais ces propositions n’ont pas été acceptées par la Thaïlande, qui craint des répercussions de la part de la Chine, son principal partenaire commercial.
L’ambassade de Chine à Bangkok a confirmé le retour de 40 Ouïghours, présentés comme des migrants illégaux retrouvant leurs familles. Cinq autres Ouïghours restent en prison en Thaïlande pour des affaires pénales, et le sort de trois autres est inconnu. L’ancien ambassadeur thaïlandais Pisan Manawapat a confirmé que la Thaïlande ne voulait pas contrarier la Chine. Même le vice-ministre des Affaires étrangères Russ Jalichandra a admis qu’accepter les offres des Occidentaux (peu sérieuses selon lui) comportait des risques de représailles chinoises.
L’expulsion a été condamnée par les experts des droits de l’homme de l’ONU, qui craignent des tortures et de mauvais traitements pour les Ouïghours rapatriés. L’agence de réfugiés de l’ONU n’a jamais pu avoir accès au groupe, à Bangkok, empêchant leur traitement comme demandeurs d’asile et bloquant leur réinstallation potentielle.
Certains pays, comme les États-Unis et le Japon mettent leurs ressortissants en garde contre des attentats à Bangkok liés à la déportation des Ouïghours vers la Chine.