Le bras de fer aura duré des semaines, mais l’issue est finalement tombée dans la nuit de lundi à mardi. Après plus de 12 heures de négociations, Daikin Industries (Thailand) et le syndicat Daikin Amata Raksa Seri ont conclu un accord mettant fin au lock-out qui empêchait 1 300 salariés d’accéder à l’usine de Chon Buri depuis samedi. Les employés auraient repris le travail.
Les discussions, entamées lundi à 13 h dans un hôtel de Bangkok, se sont achevées vers 0 h 30 sous la supervision du ministère du Travail. La ministre Treenuch Thienthong a salué un compromis « équilibré », assurant que son administration continuerait de protéger les droits des deux parties.
Un conflit né des bonus et de la fin d’un avantage historique
Le conflit avait éclaté après le rejet par les salariés de l’offre initiale de Daikin : cinq mois de bonus, 12 000 bahts et une hausse salariale de 2 %. Les employés jugeaient la proposition déconnectée des performances de la filiale thaïlandaise, qui a dégagé près de 6 milliards de bahts de bénéfices l’an dernier.
Autre point de tension : la suppression d’un avantage très symbolique, l’attribution de trois bahts d’or aux employés ayant dix ans d’ancienneté. Avec la flambée des cours (+55 % depuis fin 2024), cette prime représente aujourd’hui près de 192 000 bahts. Daikin souhaitait la remplacer par un paiement de 40 000 bahts, ce que de nombreux salariés ont perçu comme une rupture de contrat.
Après 11 rounds de négociations infructueux, les ouvriers avaient manifesté la semaine dernière devant l’usine du parc industriel d’Amata City, poussant les deux camps à reprendre les discussions.
Les termes du compromis
L’accord finalement signé prévoit :
- Un bonus 2025 équivalent à sept mois de salaire, plus 12 000 bahts et un supplément de 3 000 bahts.
- Une hausse salariale de 3 % en 2026, calculée sur le milieu de l’échelle du grade C.
- La fin du bonus en or, remplacé par un paiement unique de 50 000 bahts pour les employés ayant au moins dix ans d’ancienneté.
- Une augmentation de l’indemnité de poste, de 150 à 160 bahts par jour.
- Des congés élargis en 2026, avec neuf jours pour Songkran et neuf jours pour le Nouvel An.
L’accord est valable du 8 décembre 2025 au 7 décembre 2026.
On notera que les ouvriers qui ont l’heur de travailler pour une entreprise japonaise sont très bien traités. Surtout si l’on compare avec les « forçats » de l’économie informelle.
Un lock-out très critiqué
Le lock-out, activé samedi par Daikin en vertu de la loi de 1975 sur les relations de travail, avait été vivement dénoncé par les organisations syndicales régionales. Pendant cette période, les salariés n’avaient ni accès au site ni salaire.
Présente en Thaïlande depuis 1975 et employant près de 5 000 personnes, Daikin évite ainsi une crise sociale prolongée. Reste à voir si ce compromis suffira à apaiser durablement les tensions au sein de l’un des plus grands sites industriels du pays.
