
Un vaste scandale secoue la province de Chiang Mai. La police thaïlandaise a annoncé l’arrestation de 12 personnes, dont des responsables locaux et des civils, accusés d’avoir délivré illégalement des cartes d’identité thaïlandaises à des étrangers, principalement des ressortissants chinois. Au total, 28 mandats d’arrêt ont été émis.
Selon un journaliste local, au moins 20 000 cartes auraient été distribuées dans le district de Wiang Haeng à des Chinois vivant en Thaïlande sans statut légal. Chaque document se monnayait entre 800 000 et un million de bahts (20 000 à 25 000 euros). Ces cartes servaient ensuite à ouvrir des comptes bancaires fictifs, blanchir de l’argent ou gérer des entreprises illégales.
Parmi les personnes arrêtées figure le chef du district de Wiang Haeng, Kwanchai Mueangjamnong, qui aurait reconnu son implication. Dix lieux ciblés ont été perquisitionnés dans le cadre de l’opération.
Le phénomène n’est pas nouveau. Thai PBS rappelle que Wiang Haeng est connu depuis longtemps comme un centre de corruption lié aux cartes d’identité. En 2011 déjà, un chef de district avait été condamné à cinq ans de prison. En 2020, un autre avait été démis de ses fonctions pour des faits similaires.
Le mode opératoire consistait à utiliser les données d’identité de citoyens thaïlandais décédés ou vivant dans des zones reculées, peu à même d’utiliser leur numéro d’identité. Les étrangers pouvaient ainsi endosser ces identités. Les clients les plus fortunés allaient jusqu’à acheter des tests ADN de Thaïlandais pour se faire passer pour des parents et obtenir des papiers officiels.
Face à l’ampleur du scandale, le Premier ministre Anutin Charnvirakul s’est rendu à Chiang Mai pour suivre personnellement l’enquête. Il a promis de poursuivre les investigations afin d’identifier d’autres responsables et n’a pas exclu l’implication de figures de haut rang.
Cette affaire met en lumière les failles persistantes dans la gestion des documents d’identité en Thaïlande et l’influence croissante de réseaux criminels liés à des ressortissants chinois ou « mafia ». Les autorités espèrent que ce coup de filet marquera un tournant dans la lutte contre la corruption et les activités illégales dans le nord du pays.



