
Suite à l’effondrement du bâtiment du Bureau d’audit de l’État ou Cour des comptes (SAO) à Bangkok lors d’un séisme au Myanmar, une enquête a été ouverte pour examiner les possibles liens avec la corruption et les réductions de coûts. Le projet, financé par des fonds résiduels du SAO, aurait utilisé des matériaux de qualité inférieure.
Le député Chalard Karmchuang a souligné des dépenses douteuses, tandis qu’une autre députés d’opposition, Rukchanok Srinork a dénoncé la corruption systémique et rejeté les explications attribuant l’effondrement au Feng Shui, comme l’affirmait sans vergogne le patron de la SAO, Monthien Charoenpol. L’audience prévue le 30 avril pourrait révéler des failles dans la gestion gouvernementale.
Chalard a également souligné les dépenses douteuses passées du SAO, notant l’achat en 2020 de 2 000 téléphones fixes d’une valeur de 13,6 millions de bahts, même si la plupart des fonctionnaires du gouvernement utilisent des téléphones portables. Selon lui, de nombreuses agences d’État trouvent souvent des moyens créatifs pour justifier des achats inutiles et hors de prix, car cela permet des rétrocommissions.
Rukchanok a accusé le SAO de dépenser sans compter dans des installations luxueuses du nouveau bâtiment, comme un théâtre de 200 places, des tapis importés et du mobilier de direction, tout en réduisant les coûts structurels et en modifiant les conceptions qui garantissaient la sécurité.
Cependant, pour le ministre de l’Intérieur, Anutin Charnvirakul, l’effondrement du bâtiment pourrait être lié à un déséquilibre structurel dans une cage d’ascenseur asymétrique. Les enquêtes techniques évaluent la capacité du bâtiment à résister aux forces de torsion et vérifient si les conceptions et modifications ont été correctement approuvées.
Par ailleurs, des accusations de falsification de signatures d’ingénieurs pour les modifications de conception et de corruption dans les appels d’offres sont en cours d’examen. Le DSI traite cette affaire comme un cas spécial, ciblant notamment deux entreprises, Forum Architect et Meinhardt (Thaïlande), ainsi que plusieurs individus liés au projet. Des poursuites judiciaires pourraient être engagées en cas de confirmation des irrégularités.
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a prolongé à 90 jours le délai pour enquêter sur l’effondrement du bâtiment et affirme que la police procédera bientôt à des arrestations. Le site est devenu vendredi officiellement une scène de crime.
Pour l’excellent journaliste et analyste Pravit Rojanaphruk, des préoccupations subsistent quant à l’impartialité de l’enquête, notamment en raison des liens entre le ministre de l’Intérieur, Anutin Charnveerakul, et le vérificateur général Monthien Charoenpol. Monthien a été critiqué pour son manque de transparence et des contradictions dans ses déclarations. Des documents et vidéos ont confirmé l’implication de China Railway Number 10, malgré les dénégations initiales du SAO.
Maintenant que les sauveteurs n’ont plus aucun espoir de retrouver des survivants, les opérations de déblaiements avancent plus rapidement avec la découverte de plusieurs cadavres par jour. On s’attend toujours à un bilan final qui approchera les cent personnes, la plupart birmanes. Vendredi, on comptait 42 corps retrouvés et 50 disparus.