
Face aux défis environnementaux croissants, l’Autorité thaïlandaise de production d’électricité (EGAT) propose une solution innovante : transformer les cendres volantes issues de la combustion du charbon lignite en béton alternatif. Ce nouveau matériau, nommé EGAT AshNova, offre une performance équivalente, voire supérieure au béton traditionnel, tout en réduisant de 58 % les émissions de CO₂ liées à la fabrication du ciment.
Chaque année, la centrale de Mae Moh, dans la province de Lampang, brûle plus de 12 millions de tonnes de lignite, générant 1,7 million de tonnes de cendres volantes — un résidu microscopique souvent voué à l’enfouissement coûteux. Or, la composition chimique particulière du lignite thaïlandais (riche en oxyde de calcium) rendait ce déchet difficilement valorisable, entraînant une facture environnementale et logistique dépassant les 3 millions de bahts par an.
Pour inverser la tendance, EGAT a coopéré avec deux institutions universitaires majeures (King Mongkut et Rajamangala) afin de développer un processus de recyclage industriel permettant d’obtenir un substitut au ciment. Le produit fini se distingue par sa résistance accrue à la compression et sa forte tolérance aux milieux acides ou alcalins, deux qualités essentielles dans le génie civil.
Lors d’un test routier en conditions réelles, des blocs de béton AshNova utilisés pour la surface de la station de pesage des camions de Mae Moh ont résisté à des poids allant jusqu’à 50 tonnes, dépassant les normes de conception initiales. Seule différence esthétique : une teinte légèrement plus sombre que le béton classique.
Au-delà du matériau lui-même, l’initiative incarne une mise en œuvre concrète de l’économie circulaire : réduire les déchets industriels à la source, réintégrer les sous-produits dans la chaîne de valeur, et limiter les émissions de gaz à effet de serre sans compromis sur la qualité structurelle.
EGAT AshNova pourrait rapidement s’imposer dans les chantiers publics et privés du royaume, avec des applications variées : routes, pavés, blocs de construction, voire infrastructures stratégiques. C’est un pas pragmatique et prometteur vers une construction plus durable en Asie du Sud-Est.