LA COUR SUPRÊME a abandonné mardi 26 des charges pour abus de pouvoir contre l’ancienne première ministre Yingluck Shinawatra. On lui reprochait d’avoir transféré le chef du Conseil de sécurité nationale il y a plus de 10 ans.
Les juges de la Cour suprême chargés des poursuites contre des hommes politiques ont donné raison à Yingluck qui avait transféré Thawin Pleansri de secrétaire général du NSC à conseiller du premier ministre en 2011.
Le Bureau du Procureur général avait déposé une plainte pour abus de pouvoir qui a finalement été abandonnée par le tribunal, faute de preuves.
Yingluck, proche du premier ministre Srettha Thavisin, réside en exil à l’étranger. Elle a été renversée par le coup d’État de 2014 du général Prayut Chan-o-cha qui, lui, n’a pas été inquiété par la justice.
Elle est la sœur cadette du patron de facto de Pheu Thai, Thaksin Shinawatra, qui est revenu de 17 ans d’exil à l’étranger en août et qui séjournerait depuis à l’hôpital de la police pour des « maladies » entourées de secret.
Srettha pourrait chercher un biais pour permettre à Yingluck de suivre son frère et de rentrer à la maison.
Mais, elle est impliquée dans une autre affaire qui l’empêche de revenir. Elle a été reconnue coupable par un tribunal de mauvaise gestion de subventions liées au riz lorsqu’elle dirigeait un gouvernement Pheu Thai. Elle a été condamnée par contumace à cinq ans de prison.
Selon Cod Satrusayang, de THAI ENQUIRER La décision de la Division pénale de la Cour suprême thaïlandaise d’abandonner les poursuites contre l’ancienne Première ministre Yingluck Shinawatra n’est pas seulement une décision juridique mais la preuve que l’attitude du régime change vis à vis de la famille Shinawatra.
Les accusations et la nature du discours politique autour des affaires contre Thaksin et sa soeur Yingluck semblent justifiées plus par des motivations politiques que par des préoccupations juridiques ou éthiques. Ce discours est typique des factions conservatrices (le régime) en Thaïlande, qui se sont positionnées comme les champions des valeurs traditionnelles et de la stabilité.
Cependant, la récente décision de justice et le manque de preuves concrètes dans nombre de ces cas soulèvent de sérieuses questions quant à la validité de ces accusations. La persistance de telles accusations, malgré l’absence fréquente de fondement juridique, témoigne d’une stratégie visant à discréditer les Shinawatra.
Plus étrange est le récent réalignement qui voit les factions conservatrices se joindre aux Shinawatra. Cette alliance pragmatique visant à consolider le pouvoir politique, ridiculise de facto le discours précédent. Cela révèle un opportunisme au profit de gains stratégiques. La crédibilité du régime est atteinte.
Ce changement a des conséquences particulièrement graves pour le parti Move Forward, qui se retrouve désormais en opposition à une force politique consolidée réunissant le régime et les Shinawatra. Le réalignement met en évidence la volonté des élites thaïlandaises de donner la priorité au pouvoir plutôt qu’aux principes, conclut Cod Satrusayang.
On l’aura compris, il prend pour acquis que la justice est « aux ordres » du régime.
