Voici maintenant le point de vue citoyen d’un grand média en anglais.
Un clip de l’explosion est devenu viral. Il rappelle à la société le danger évident des usines et des entrepôts industriels dans les quartiers résidentiels.
Ceux qui ont vu la vidéo n’ont pu s’empêcher d’être choqués. À l’improviste, un petit entrepôt a tout simplement explosé, crachant des boules de feu dans le ciel, qui sont ensuite tombées sur des maisons en bois à proximité. On n’ose même pas spéculer sur ce qui aurait résulté si cela s’était produit un jour d’école.
Les reportages ont révélé des détails inquiétants et suspects. Les villageois vivent avec l’entrepôt depuis plus d’une décennie et savaient parfaitement que l’entreprise – répertoriée sous le nom de Wirawath Panich – détenue par un couple local – Sompong Nakul et sa femme Piyanuch Peungwirawat – exportait des feux d’artifice vers la Malaisie.
Cela soulève la question de savoir comment l’organisation administrative du canton de Muno dans le district de Sungai Kolok a accordé à l’entrepôt l’autorisation d’opérer (ou a laissé faire) au cœur d’une communauté résidentielle.
Les feux d’artifice sont des matières explosives répertoriées en vertu de la loi de 1992 sur les substances dangereuses, qui exige que les usines et les entrepôts qui les stockent soient situés à une distance de sécurité des communautés locales. Pendant ce temps, les opérateurs doivent suivre des règles de sécurité strictes.
Par exemple, ceux qui ont des stocks dangereux et explosifs doivent disposer d’un espace tampon d’au moins 20 mètres de tout autre local et doivent être solidement clôturés. La loi y interdit toute activité susceptible de provoquer un incendie, comme cuisiner, allumer des bâtons d’encens ou souder. Ces activités doivent être menées à 15 mètres ou plus des locaux.
Dans ce cas précis, toutes ces règles ont été enfreintes. L’exploitant a été arrêté en 2016 pour stockage et vente de feux d’artifice et autres objets inflammables sans autorisation légale. Lors de l’explosion de samedi, la police a conclu que l’explosion avait été causée par un soudeur au travail. À ce titre, les suspects doivent être jugés. De plus, les autorités locales chargées d’accorder une licence à l’usine et de superviser la sécurité doivent faire l’objet d’une enquête.
Le cas de cette explosion dans la communauté Muno n’est pas un cas isolé mais un échec systématique de la gestion de l’environnement en Thaïlande. Malgré le fait que le gouvernement a mis en place des zones industrielles depuis plus de trois décennies, de nombreuses petites usines et entrepôts de produits chimiques sont toujours situés à l’intérieur des communautés.
De tels accidents sont légion. Par exemple, on peut se rappeler l’enfer provoqué par un incendie chimique à l’usine chimique de Ming Dih en 2021 ou l’explosion d’une usine de feux d’artifice à Chiang Mai une semaine plus tôt où huit personnes ont été blessées et 24 maisons ont été endommagées.
L’accident de samedi nous rappelle que le gouvernement doit adopter la loi sur les rejets de polluants (PRTR) que les ONG proposent depuis 2021. Le PRTR est un système de collecte et de diffusion d’informations sur les rejets et transferts de substances dangereuses dans l’environnement. provenant de sources industrielles et d’autres installations. Une cinquantaine de pays (dont l’UE) utilisent le PRTR. Avec une telle loi, les résidents de la communauté seraient mieux informés du risque de pollution industrielle et de la menace de catastrophe posée par les usines voisines.
Il est dommage que le gouvernement sortant, qui a eu plus de huit ans pour apporter des changements fondamentaux, ait raté l’occasion d’imposer une meilleure loi sur l’environnement qui aurait rendu de nombreuses communautés plus sûres. En même temps, on ne peut pas en vouloir à des « bidasses » de ne rien comprendre à des sujets un peut subtils.