Le débat qui a suivi le discours de politique général du premier ministre a pris fin dans la nuit de mardi à mercredi.
Le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin a comparé dès lundi le pays à une « personne malade », pour laquelle le gouvernement doit prescrire des remèdes, puis il a déclaré mardi que son cabinet publierait cette semaine une série de politiques visant à réduire le coût de la vie, à suspendre les dettes des agriculteurs, à attirer davantage de touristes et à augmenter les revenus.
Srettha et son gouvernement de 11 partis présentent leur programme politique largement populiste à la nouvelle législature et héritent d’une économie peu performante qui lutte contre la faible demande d’exportations thaïlandaises et la baisse de confiance des investisseurs.
Srettha, magnat de l’immobilier et nouveau venu en politique, a essuyé des critiques au parlement pour des politiques que l’opposition juge vagues et manquant de direction claire. Il a déclaré que le cabinet formaliserait les plans mercredi et les introduirait dès que possible.
« Je ne sais pas si ce sera une surprise ou non, mais il y a beaucoup de politiques qui correspondent aux défis », a-t-il déclaré aux journalistes.
Le climat industriel a atteint son niveau le plus bas depuis un an en août, malgré la fin des mois d’impasse post-électorale, avec des inquiétudes concernant la faiblesse des exportations et la lenteur de la reprise.
Le vice-ministre du commerce, Napintorn Srisanpang, a déclaré au parlement que les exportations pourraient diminuer de 1 à 2 % cette année en raison du ralentissement de la demande mondiale.
Le gouvernement, dirigé par le parti populiste Pheu Thai, prévoit de relancer l’économie par des aides, des subventions et une augmentation des salaires, ce qui suscite l’inquiétude des économistes et des groupes commerciaux quant à la manière dont ces mesures seront financées et à la possibilité d’une augmentation des coûts pour les entreprises.
M. Srettha a déclaré qu’il négocierait avec les travailleurs et les employeurs pour augmenter le salaire minimum journalier dès que possible à un « niveau approprié » de 400 bahts (11,25 dollars), contre 337 bahts en moyenne.
Le ministre du travail, Pipat Ratchakitprakarn, a déclaré au parlement que le salaire de 400 bahts devrait être fixé au début de l’année prochaine.
« Nous devons essayer d’améliorer les compétences des travailleurs pour obtenir un salaire journalier de 600 bahts dès que possible », a-t-il ajouté.
M. Srettha a déclaré que le gouvernement prévoyait de réduire prochainement les coûts de l’électricité et du carburant pour les consommateurs et d’autoriser l’entrée sans visa des visiteurs chinois, une source importante de touristes pour la Thaïlande. Un moratoire sur l’endettement des agriculteurs est prévu pour le quatrième trimestre, a-t-il ajouté.
« Nous avons des mesures de stimulation économique à court terme, telles que le tourisme, pour amener de l’argent dans le secteur des services, faire en sorte que les salaires augmentent en fonction de la demande de travailleurs, et réduire les coûts de l’énergie pour les personnes et les opérateurs logistiques », a-t-il déclaré au Parlement.
Kriengkrai Theinnukul, président de la Fédération des industries thaïlandaises, a déclaré qu’une augmentation imminente des salaires « aggraverait une situation déjà mauvaise pour certaines petites entreprises », ajoutant qu’il serait préférable d’augmenter les salaires l’année prochaine, lorsque l’économie se redressera.
Srettha a exprimé sa gratitude pour les critiques et les recommandations que lui et son administration ont reçues au cours des deux derniers jours. Il s’est engagé à prendre en compte ces précieuses contributions.
Abordant les préoccupations économiques, Srettha a souligné que son gouvernement s’est engagé à éviter une augmentation inutile de la dette publique, qui s’élève actuellement à 63 % du PIB.
Pourtant l’allocation unique de 10000 bahts par citoyen inquiète car cela représente une dépense de 650 milliards de bahts. Or, ce dont manquent les Thaïlandais, selon Srettha lui-même, c’est de compétence, donc de formation. Et il a nommé un ministre de l’éducation qui ne semble pas posséder les compétences nécessaires pour s’attaquer à cette tâche. Un effort pour les écoles semblerait plus urgent que toutes les promesses populistes.
Srettha, qui s’est autrefois prononcé en faveur du remplacement de la conscription militaire obligatoire par un système volontaire, a déclaré que la position de l’armée doit être respectée. Bien qu’il ait annoncé une réduction du nombre de conscrits, aucun calendrier n’a été donné pour son retrait complet, suscitant le scepticisme dans les rangs de l’opposition. Les experts considèrent que l’armée garde la main, au moins sur les dossiers qui la concerne.
D’autant qu’on apprend mercredi que Le ministre de la Défense Sutin Klungsang proposera au Cabinet la nomination du général Natthapon Nakpanich, proche collaborateur du putschiste de 2014, Chan-o-cha comme son secrétaire. Natthapon était pressenti pour assumer le rôle de ministre de la Défense. Suthin proposera la nomination du général Somsak Rungsita, un autre ancien de l’administration Prayut, comme son conseiller.
Ainsi encadré, le ministre devrait rester physiquement sous la coupe des militaires. Interrogé sur ce sujet, Suthin a répondu que tout le monde dans l’armée avait contribué au fonctionnement du gouvernement précédent, ce qui implique qu’on pourrait dire que tout le monde dans l’armée est associé à Prayut. C’est évidemment faux car certains ont plus collaboré que d’autres.
